Selon Casa Prestations, le gestionnaire du marché de gros, le prix de la viande bovine varie actuellement entre 85 et 95 dirhams le kilogramme, sortie abattoirs, tandis que celui de la viande ovine est encore plus élevé, atteignant 120 dirhams le kilogramme. «Au détail, les prix sont encore plus élevés, compte tenu des charges supplémentaires, tels que le coût de transport et de stockage», signale Abdelali Ramou, président de l’Association nationale des vendeurs de viande rouge au Maroc.
Ce professionnel rappelle que durant le ramadan, période de forte consommation, les prix de la viande rouge ont maintenu une certaine stabilité, bien que quelques légères fluctuations aient été observées. «Dans le détail, le prix d’un kilogramme de la viande ovine n’a pas dépassé 100 dirhams, tout au long de ce mois, tandis que celui de la viande bovine variait entre 75 et 78 dirhams le kilogramme. Néanmoins, ces prix ont récemment bondi d’environ 20%, principalement en raison d’un déséquilibre entre l’offre et la demande sur le marché», fait-il observer.
Ce déséquilibre résulte d’une insuffisance d’approvisionnement, attribuée à divers facteurs tels que la baisse des importations, des cycles de production irréguliers et des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement, en particulier pour le cheptel bovin. «Ces problèmes ont conduit à une disponibilité réduite de viande bovine sur les marchés, affectant tant les consommateurs que les vendeurs», déplore notre interlocuteur.
Du côté des ovins, des hausses de prix sont également pointées par cet opérateur, en raison des coûts élevés au niveau des importations. C’est pourquoi il appelle à ce que la sélection des importateurs soit plus rigoureuse en privilégiant ceux qui possèdent une expertise avérée dans le secteur afin d’éviter des hausses de prix dues à des coûts d’acquisition élevés.
«Lorsque des importateurs inexpérimentés acquièrent du bétail à des prix élevés, cela se traduit par des augmentations de prix pour les détaillants et, en fin de compte, pour les consommateurs. Cette chaîne d’augmentation des coûts contribue à la volatilité du marché de la viande, rendant difficile pour les ménages de prévoir leurs dépenses alimentaires», explique-t-il.
Une baisse du nombre de bovins importés
Un autre professionnel, membre de la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (FIVIAR) attribue, de son côté, ces hausses de prix à une baisse du nombre de têtes importées: «De plus en plus d’opérateurs préfèrent ne pas importer du cheptel bovin principalement en raison des protocoles sanitaires stricts imposés par l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA). Ces réglementations, bien qu’essentielles pour garantir la sécurité alimentaire, sont perçues comme strictes et contraignantes par les professionnels. Ces contraintes augmentent les coûts et la complexité des importations.»
Il ajoute que la sécheresse a également joué un rôle crucial dans la hausse des prix, affectant non seulement la disponibilité du bétail, mais aussi les coûts de production. «Les naissances de bétail sont restées faibles cette année, ce qui a réduit encore l’offre de viande, ovine et bovine, sur le marché», précise-t-il.
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Pour contrer cette tendance haussière, le président de l’Association nationale des vendeurs de viande rouge au Maroc propose plusieurs solutions. «À court terme, encourager le prêt à abattre pourrait aider à stabiliser les prix. Toutefois, des stratégies à long terme sont également nécessaires pour garantir la durabilité de l’approvisionnement. Cela pourrait inclure des investissements dans l’amélioration des pratiques d’élevage, l’augmentation de la productivité des élevages existants et l’encouragement à la diversification des sources de viande pour réduire la dépendance sur quelques sources principales», fait-il observer.
«Si des mesures ne sont pas prises pour réguler et optimiser le processus d’importation en privilégiant la compétence et l’expérience, les prix de la viande risquent de continuer à grimper. Cette situation nécessite une intervention rapide et ciblée pour garantir que les importations soient à la fois économiquement viables et bénéfiques pour l’ensemble du marché, empêchant ainsi une escalade continue des coûts et préservant l’accès des consommateurs à des produits abordables», plaide cet opérateur.