Geoffroy Roux de Bézieux, qui va quitter la présidence du Mouvement des entreprises de France (Medef) le 6 juillet prochain, sera accueilli à Casablanca le 26 juin par son homologue marocain, Chakib Alj. La visite du président sortant du patronat français suscite des remous dans les milieux d’affaires des deux pays, d’aucuns estimant que le timing est politiquement inapproprié, dans un contexte de crise diplomatique, désormais ouverte, entre Rabat et Paris.
«Les relations entre la CGEM et le Medef sont cordiales. Nous avons reçu récemment la visite de deux délégations françaises s’intéressant à l’économie numérique et à l’hydrogène vert. Cela montre l’intérêt des hommes d’affaires français pour la destination Maroc», se défend-on du côté de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM).
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Même si Geoffroy Roux de Bézieux quittera la présidence du Medef, il gardera toujours son poste de président de l’Alliance des patronats francophones (APF) au sein de laquelle la CGEM a été élue secrétaire générale et membre du bureau exécutif, poursuit la même source.
Et cette dernière d’indiquer que c’est lors d’une rencontre avec Chakib Alj, en marge de la deuxième édition de la Rencontre des entrepreneurs francophones, évènement organisé par l’APF en octobre 2022 à Abidjan, que Geoffroy Roux de Bézieux a promis de visiter le Maroc avant la fin de son mandat.
Hausse de 24% des échanges commerciaux en 2022
«Nous avons des relations très régulières avec la CGEM. Sur le continent africain, le Maroc est le premier partenaire économique des entreprises françaises», souligne Fabrice Le Saché, vice-président, porte-parole du Medef, contacté par Le360.
«Il y a certes des contextes politiques, mais nous sommes des chefs d’entreprises, nous ne faisons pas de politique. Ce qui nous intéresse, comme nos homologues marocains, ce sont nos projets. Il faut réussir à bien distinguer les choses. La coloration politique peut, certes, influencer, surtout pour les contrats publics. Mais les entreprises privées, entre elles, cherchent les meilleures technologies, les meilleurs investisseurs», soutient le représentant du Medef.
Et d’ajouter: «Contrairement à ce qu’on dit ici et là, les échanges commerciaux ont progressé de 24% en 2022 pour atteindre 13,4 milliards d’euros. Les investissements croisés augmentent aussi. On peut faire beaucoup mieux sûrement. Mais en tout cas, on n’est pas dans le déclin que certains essaient de décrire».
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Interrogé sur le timing de la visite, qui coïncide avec la fin du mandat du président du Medef, Fabrice Le Saché affirme qu’«avant ou après De Bézieux, il y a une permanence des actions de l’organisation patronale. Cela ne dépend pas uniquement des présidents. C’est pareil pour la CGEM. Ce sont des structures qui sont là depuis des décennies.»
«C’est vraiment étonnant que cela puisse surprendre. Je pense que cela peut surprendre ceux qui sont dans une coloration politique. Mais nous nous ne mêlons pas à cet aspect politique. C’est une visite normale de travail, au regard de l’importance des relations que nous avons avec la CGEM et les entreprises marocaines», conclut le porte-parole du Medef.
En dépit des propos lénifiants et compréhensibles de Fabrice Le Saché, la crise politique entre la Macronie et le Maroc pèse sur les relations multisectorielles entre les deux pays. Le tout est de savoir si bunkériser dans la sphère du politique cette crise, dont la responsabilité impute en grande partie au tropisme algérien du président français, est suffisant pour épargner les autres secteurs de la relation entre les deux pays.
Jusque-là, les forces vives, autant en France qu’au Maroc, ont réussi à sanctuariser plusieurs secteurs de la relation multisectorielle entre les deux pays de la crise politique qui s’installe, quant à elle, sûrement et peut-être durablement.