Jaf (Jafkech), Simo Ben, le Pr Mehdi El Karouani et Ali Kettani se distinguent par leur capacité à conjuguer connaissances pointues et militantisme digital. Chacun d’eux a su développer une présence marquante sur X en mettant en avant les intérêts vitaux du Maroc. Leur engagement sur X est le fruit d’une abnégation considérable. Les quatre acteurs de cette mobilisation donnent le meilleur d’eux-mêmes pour concilier leurs activités sur X avec leurs vies professionnelles et personnelles, en équilibrant leurs rôles d’experts, de communicateurs et de militants. Cette conciliation n’est pas sans défis: elle requiert une gestion rigoureuse de leur temps et une motivation profonde pour les causes qu’ils défendent. Ce dévouement est alimenté par un sentiment fort de patriotisme et une volonté de voir le Maroc reconnu et respecté sur la scène internationale. Leur influence croissante est le reflet de leur capacité à capter l’attention et à mobiliser l’opinion publique grâce à un discours à la fois érudit et passionné. Le360 les a interviewés pour en savoir davantage sur cet engagement.
Jafkech, biberonné au patriotisme
Dans un échange avec Le360, Jafkech (Plus de 16.700 abonnés au compteur) a partagé les motivations derrière son engagement patriotique et ses efforts pour représenter le Maroc sur les réseaux sociaux: «Je viens d’une famille foncièrement patriotique. Comme beaucoup de Marocains, cet élan s’est manifesté à travers le soutien aux clubs marocains et à l’équipe nationale. Mais pour moi, le catalyseur de mon réveil patriotique a été les événements de Gdeim Izik. Voir ces images a été un véritable choc et un réveil de conscience qui m’ont mis face à la réalité des risques qui pèsent sur notre pays.»
Il ajoute que ce patriotisme l’a accompagné partout où il est allé, et qu’il a toujours cherché à représenter au mieux le Maroc, sa culture et ses traditions: «Ayant d’ailleurs toujours été un grand passionné d’Histoire, je suis d’autant plus chanceux que je viens d’un pays avec une histoire si riche et passionnante.»
Jaf a également évoqué son engagement sur les réseaux sociaux, notamment face à la propagation de fausses informations et de discours haineux contre le Maroc depuis 2020: «Face au violent afflux de fake news et de haine contre le Maroc sur les réseaux sociaux, notamment Twitter, j’ai décidé de mener ce combat pour représenter au mieux mon pays. Cela m’a alors paru être une évidence et un devoir patriotique.»
Il a en outre reconnu que concilier son engagement en ligne avec ses responsabilités professionnelles est souvent un défi: «Il est vrai qu’il est très souvent difficile de concilier l’aspect professionnel et l’engagement que je mène sur les réseaux sociaux. D’autant plus qu’à mesure que les choses avancent, cet engagement est devenu d’autant plus nécessaire, mais aussi exigeant en termes de temps.»
Jaf s’efforce également de prioriser son travail tout en restant à l’affût et réactif aux événements majeurs: «Je n’ai pas de stratégie bien ficelée; j’essaie de toujours faire passer mon travail en premier. Cependant, lorsque des événements exceptionnels l’exigent, il m’est déjà arrivé de mettre de côté ces engagements pendant un jour ou deux, afin de me concentrer sur la lutte contre les fake news ciblant le Maroc. Cela fut notamment le cas pendant les 48 heures qui ont suivi la reconnaissance française.»
Il précise également sa méthode pour gérer son temps: «D’autres fois, quand je sais qu’une semaine chargée approche, j’essaie de préparer deux ou trois publications (threads) à poster pendant la semaine. J’ai enfin la chance d’avoir une fabuleuse TL qui me suit, me retweete, et maintient un haut niveau d’engagement avec mes publications, même quand elles sont moins nombreuses.»
Simo Ben: «La logique plutôt que les émotions, moteur de mon engagement»
De son côté, Simo Ben, qui totalise plus de 28.000 abonnés sur X, a expliqué les motivations derrière son engagement sur les réseaux sociaux, en soulignant l’importance de la logique sur les émotions: «Je ne peux pas dire que ce qui me motive est le côté émotionnel ou l’amour de mon pays, bien que l’amour soit là, comme tout vrai Marocain. Ce qui me motive vraiment, c’est de comprendre le véritable potentiel des Marocains lorsqu’ils croient en eux-mêmes et utilisent des calculs froids au lieu de se laisser guider par leurs émotions, ce que j’ai expérimenté moi-même et que j’ai vu chez de nombreux Marocains.»
Cartésien jusqu’à la moelle, il a ajouté que pour lui, croire en soi et utiliser la logique est essentiel pour réaliser des objectifs ambitieux: «À partir du moment où l’on croit en soi, où l’on contrôle ses émotions et où l’on utilise sa logique, le ciel est la limite (Sky is the limit), et je voulais transmettre ce message à mes sœurs et frères marocains par des actions, et pas seulement par des mots.»
Simo Ben a, de surcroit, souligné son effort constant pour mettre en lumière cette philosophie sur les réseaux sociaux, en collaborant avec d’autres Marocains pour corriger les fake news déblatérées à l’endroit du Maroc: «Je me suis constamment efforcé de mettre en évidence le potentiel de cette idée sur les réseaux sociaux, en exhortant parfois les entités étrangères et marocaines à rectifier la carte du Maroc ou les informations erronées sur le Royaume. Je me suis également associé à de nombreux Marocains sur les réseaux sociaux qui croient au pouvoir de la persévérance pour rectifier ces erreurs.»
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Il a également exprimé sa reconnaissance pour le travail des institutions marocaines. «Savoir que les institutions et la diplomatie de notre monarchie marocaine font un excellent travail pour défendre les intérêts de notre pays me motive davantage», dit-il. Simo Ben croit que, en tant que membre de la société civile, son rôle est de montrer l’unité et la force du Maroc face aux attaques extérieures: «En défendant fermement ces intérêts en tant que société civile marocaine solide et forte sur les réseaux sociaux, nous pouvons démontrer au monde que nous sommes un pays unifié, non affecté par les jeux d’entités étrangères interférant avec notre intégrité territoriale et d’autres intérêts stratégiques, et que plus ils nous attaquent, plus nous devenons forts et unifiés.»
S’agissant de l’impact de son implication assidue sur X sur son quotidien professionnel et personnel, Simo Ben clarifie les choses: «Je ne peux pas dire qu’il est facile de concilier mon activité en ligne avec d’autres engagements personnels et professionnels, mais je dois admettre que dans ma vie professionnelle, j’ai la chance de travailler avec une équipe efficace. Malgré la nature trépidante de notre travail, les membres de mon équipe connaissent bien leurs rôles, ce qui me laisse amplement le temps d’utiliser les médias sociaux. Cependant, cette activité en ligne a quelque peu perturbé ma vie personnelle.»
Malgré le soutien de sa famille et de ses amis, Simo Ben note qu’il s’efforce de maintenir un équilibre: «Même si ma famille et mes amis sont compréhensifs, je sais qu’ils aimeraient que je réduise le temps que je consacre à mon activité en ligne et que je passe plus de temps de qualité avec eux, ce que j’essaie toujours d’équilibrer. Certains membres de ma famille, amis et collègues suivent “silencieusement” mes posts et interagissent avec eux, mais dans la vraie vie, parce qu’ils comprennent que je préfère séparer ma vie personnelle et professionnelle quotidienne de mon activité sur les médias sociaux.»
Simo Ben n’a pas manqué d’exprimer son opinion sur le rôle des médias sociaux et de la maitrise des codes et des arcanes de la communication à l’ère de la guerre digitale: «Je pense que les médias sociaux sont l’outil de communication humaine le plus puissant qui existe aujourd’hui. Les médias sociaux possèdent à la fois des aspects positifs et négatifs, et il est crucial de trouver un équilibre entre l’exploitation de leurs aspects positifs et la minimisation de leurs aspects négatifs. J’invite nos médias traditionnels à adopter pleinement les réseaux sociaux afin de rester pertinents dans cette ère moderne.»
Il a également appelé les politiciens et les officiels à s’engager davantage sur ces plateformes: «J’exhorte nos hommes politiques et nos officiels à commencer à utiliser les réseaux sociaux et à s’engager avec la société civile. Ils se rendront vite compte que ces outils façonnent principalement les opinions publiques et les élections, et les premiers à adopter les réseaux sociaux gagneront un avantage concurrentiel s’ils s’engagent dans un dialogue ouvert avec nous, les citoyens normaux.»
Pr Mehdi El Karouani: «La guerre cognitive, un défi nécessitant une force collective»
Pr Mehdi El Karouani a, quant à lui, partagé ses réflexions sur la nature évolutive des conflits modernes, en mettant l’accent sur la guerre cognitive, notamment sur les réseaux sociaux. «Après avoir constaté la prolifération des formes de guerre asymétrique, conventionnelle et hybride, j’ai rapidement constaté, explique-t-il, que toute forme de guerre repose sur une interdépendance acceptée ou une dépendance mutuelle acceptée. Cela est particulièrement vrai pour la guerre cognitive, menée notamment sur les réseaux sociaux.»
Il met l’accent sur l’importance pour chaque expert et acteur de prendre ses responsabilités dans ce contexte complexe: «Dans ce contexte, chaque expert ou acteur doit assumer ses responsabilités face à cette nouvelle forme de conflit, qui cible les failles de nos esprits à travers des algorithmes sophistiqués et des acteurs des relations internationales déterminés à attaquer leurs adversaires.»
Pr El Karouani insiste plus loin sur le fait que cette guerre doit être abordée avec une approche collective et intellectuelle: «L’acceptation de cette interdépendance est essentielle dans toute forme de guerre, et à mon humble avis, cette guerre doit être menée par une force collective intellectuelle, persistante et multisectorielle.»
Partageant son expérience personnelle, il a révélé comment la collaboration et l’expertise peuvent renforcer l’efficacité dans l’arène numérique: «En toute sincérité, j’ai un technicien infographe qui m’aide avec mes projets personnels. Depuis le début de mon aventure sur X, il m’a beaucoup aidé à comprendre la plateforme et à gérer mes comptes. Aujourd’hui, je suis devenu plus habile, mais c’est précisément cette complémentarité qui a donné à mon compte plus de vivacité au sein de la communauté et a favorisé un plus grand engagement et cela est un exemple vivant de la force de l’interdépendance et de la synergie entre plusieurs acteurs pouvant conduire à la réussite.»
Ali Kettani: «Un activisme ancré dans le patriotisme et la défense des intérêts marocains»
Ali Kettani nous a, lui aussi, détaillé son engagement dans l’activisme pour les causes sacrées du royaume sur X, un engagement qu’il décrit comme devenu une partie intégrante de son quotidien: «L’activisme pour la cause nationale et pour le patrimoine marocain, qui sont, entre autres, les sujets d’une guerre informationnelle sur les réseaux sociaux, est devenu un ensemble d’habitudes innées et ancrées dans mon quotidien. Cela découle d’un profond sentiment de patriotisme et du devoir de contribuer, à ma manière, à la défense des intérêts de mon pays.»
Il a également souligné l’influence de la diplomatie marocaine sous la direction du roi Mohammed VI, sur son propre engagement: «Cet engagement est également inspiré par l’efficacité de la diplomatie marocaine menée sous l’égide de Sa Majesté le roi Mohammed VI, qui a su positionner le Maroc comme un acteur clé sur la scène internationale.» Sa formation en géopolitique et ses recherches ont renforcé sa détermination à lutter contre la désinformation et les fake news: «Ma formation et mes recherches en géopolitique ont aussi nourri cet activisme. En comprenant les enjeux complexes qui entourent les différents dossiers, j’ai réalisé l’importance de contrer la désinformation avec des arguments solides.»
Kettani a également évoqué l’influence des comptes patriotiques en ligne sur son implication sur le réseau social d’Elon Musk. «De plus, dit-il, les mouvements patriotiques sur la toile marocaine sont également une source constante d’inspiration pour moi. Ils m’incitent à apporter ma contribution régulière et à échanger avec des personnes éclairées partageant les mêmes valeurs.» Pour lui, défendre les intérêts de son pays est devenu à la fois un devoir et une passion: «En fin de compte, défendre les intérêts de mon pays, que ce soit en politique, en sport ou en culture, est devenu un mélange de devoir et de passion. C’est une habitude que j’affectionne particulièrement. Avec le temps, cela s’est transformé en une certaine addiction et une curiosité insatiable qui ne cessent de grandir.»
Concernant la gestion de ses différentes responsabilités, Kettani a partagé sa méthode pour équilibrer son engagement en ligne avec ses engagements personnels et professionnels. «C’est vrai, explique-t-il, que concilier mon activité en ligne avec mes engagements personnels et professionnels demande une certaine organisation, mais avec le temps, j’ai développé quelques habitudes qui me permettent de tout gérer sans stresser. La clé pour moi, c’est de trouver un équilibre et de structurer mes journées de manière à ne pas me sentir submergé.»
Il précise sa stratégie pour rester régulier tout en étant efficace: «Je mets en place un mix de moments spécifiques dédiés à mes publications, en plus des réactions spontanées aux différentes actualités, souvent en début ou en fin de journée ou tard le soir, lorsque mes autres obligations sont moins pressantes. Cela me permet de rester régulier tout en étant pleinement engagé dans mes propres responsabilités. Je priorise également en fonction de l’urgence et de l’importance des sujets à traiter.»
Kettani conclut en affirmant que cette discipline lui permet de maintenir un haut niveau d’engagement tout en restant motivé et productif. «Je peux ainsi me concentrer sur les questions essentielles, tout en me laissant le temps de souffler et de me consacrer à mes occupations. Cette discipline me permet non seulement de maintenir un haut niveau d’engagement, mais aussi de rester motivé et productif sur tous les fronts», conclut-il.