Abdelmadjid Tebboune étale ses mensonges à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune, lors de la lecture de son discours devant la 78ème Assemblée générale de l’ONU, à New York, le mardi 19 septembre 2023.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a lu, le mardi 19 septembre, un discours devant la 78ème Assemblée générale de l’ONU qui se tient actuellement à New York. Même devant les chefs d’État et les délégations du monde entier, le président algérien ne s’est pas départi des «tebbounneries» dont il a l’habitude de «gratifier» les Algériens. Également dépassé par l’évolution du dossier du Sahara marocain, il en est encore à demander à l’ONU d’organiser un référendum que l’institution a enterré depuis des décennies.

Le 20/09/2023 à 12h23

Le président algérien a surpris son monde en n’hésitant pas à étaler, du haut de la tribune de la 78ème Assemblée générale de l’ONU, ses mensonges sur la situation générale de son pays et ses relations avec son voisinage.

Le clou du discours de moins d’une demi-heure, qu’il a prononcé le mardi 19 septembre à New York, a été sa déclaration sur la «prouesse» réalisée par son pays en matière de dessalement de l’eau de mer.

Sans s’attarder sur les secteurs de la santé, de l’éducation ou des infrastructures, où l’Algérie enregistre de piètres résultats, Abdelmadjid Tebboune a affirmé que son pays a réalisé les objectifs de développement durable non seulement dans ces domaines, mais également dans celui de l’approvisionnement en eau potable, dont les pénuries sont récurrentes dans la capitale Alger et Oran, deuxième plus grande ville du pays, sans parler des autres villes qui patientent, dans certaines zones, six jours avant d’espérer voir de l’eau couler des robinets.

Or, sur ce seul volet qu’il a choisi pour illustrer les prétendues réalisations de l’Algérie, Tebboune a commis un gros mensonge en déclarant que «d’ici la fin de l’année 2024», soit à la fin du premier mandat présidentiel, «l’Algérie produira 1,7 milliard de m3 d’eau potable par jour grâce au dessalement de l’eau de mer».

Ce «nouveau» chiffre, sorti tout droit de l’habituel délire du président algérien, est un peu supérieur à celui qu’il a décliné le 5 août dernier, lors d’une entrevue avec les médias locaux. Devant ces derniers, il a affirmé que le dessalement de l’eau de mer fournira à son pays une production de 1,4 milliard m3 d’eau potable par jour. Le hic, c’est que ce chiffre a été annoncé par les médias et une bande-annonce avant la diffusion de l’intégralité de ladite entrevue, ce qui a permis à la télévision publique algérienne de faire disparaître l’expression «par jour», tout en gardant le chiffre rond de 1,4 milliard m3.

«Ce qui a été fait jusqu’à présent nous assure un apport de 1,4 milliard m3 d’eau potable, et lorsque nous arriverons à 2,5 ou 3 milliards m3, nous aurons réglé le problème de l’alimentation en eau potable… De la sorte, on pourra laisser les eaux souterraines pour l’agriculture et l’industrie», avait déclaré Tebboune dans la version sabrée de son entrevue du 5 août 2023.

Alors que l’Algérie dispose actuellement de 11 usines de dessalement, produisant moins de 700 millions m3 d’eau potable par an, Tebboune s’est vanté devant l’Assemblée générale de l’ONU de porter la capacité du pays, dès 2024, de 700 millions à 1,7 milliard m3. Mais attention, il ne parlait pas de réaliser cette performance extraordinaire par an, mais par jour! Autrement dit, Tebboune affirme devant l’assemblée onusienne que la capacité de dessalement de l’eau de mer, en Algérie, sera portée de 700 millions à 620,5 milliards m3 en un an! On devrait lui souffler qu’avec un tel volume d’eau, l’Algérie se transformera en Atlantide.

Le chiffre décliné mardi devant l’Assemblée générale de l’ONU est d’autant plus farfelu que Tebboune a posé la pierre inaugurale de la première station de dessalement de l’eau de mer, sous son mandat, le 5 juillet 2023 dans la wilaya de Boumerdès, à Cap Djinet, à 60 km d’Alger. Qu’une usine de dessalement d’eau de mer, encore à ses débuts de construction, booste la production à 1,7 milliard m3 d’eau potable par jour, quelques mois seulement après la pose de sa première pierre, il n’y a que Tebboune qui puisse réaliser une telle prouesse.

Contacté par Le360, Fouad Amraoui, professeur d’hydrologie, a précisé que le chiffre décliné par Tebboune relève tout simplement de l’irréalisable, et qu’il s’agit en réalité d’une production annuelle et non journalière. Selon lui, l’Algérie, qui ne dispose pas de cours d’eau de surface suffisants, avec un nombre de barrages limité (8 au total), est condamnée à dessaler l’eau de mer et à déminéraliser ses nappes phréatiques en vue de juguler en partie ses besoins, sans cesse croissants, en eau potable. À titre de comparaison, Amraoui explique qu’au Maroc, le dessalement de l’eau de mer, qui s’effectuera à travers une vingtaine d’usines à l’horizon 2030, fournira annuellement 1,3 milliard m3 d’eau potable.

C’est dire qu’en dépit des annonces lunaires de Tebboune, qui ne différencie pas entre un jour et une année, aucun de ses conseillers n’ose le corriger, à moins qu’ils ne cherchent sciemment à le ridiculiser davantage devant la communauté internationale.

D’ailleurs, cette manie de faire des annonces fantaisistes et farfelues est devenue une marque de fabrique du régime algérien, qui a de plus en plus tendance à hypertrophier les chiffres dans tous les domaines. Le Premier ministre algérien, Aymène Abderrahmane, ne vient-il pas de gonfler subitement et unilatéralement le Produit intérieur brut (PIB) algérien, en le faisant passer de quelque 180 milliards à plus de 230 milliards de dollars, alors que cet indicateur clé de l’économie du pays était jusqu’ici établi d’un commun accord avec le Fonds monétaire international? Pour en arriver à ce chiffre grossier, certains observateurs algériens ont estimé que l’entourloupe utilisée par le responsable algérien a consisté à comptabiliser le secteur informel local.

Dans son mot à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, Abdelmadjid Tebboune a également fait fausse route en soulevant le dossier du Sahara marocain, où il a montré, devant l’instance même chargée en exclusivité de la gestion de ce dossier, à quel point il est dépassé par les évènements. Il a ainsi demandé l’organisation d’un référendum, feignant d’oublier que l’ONU a définitivement enterré, depuis des décennies, l’option référendaire au Sahara. Il a de ce fait ramé à contre-courant de la dynamique des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, qui ont constamment soutenu une solution politique et réaliste. Cette solution réaliste est indissociable du plan marocain d’autonomie.

Par Mohammed Ould Boah
Le 20/09/2023 à 12h23