Les sorties médiatiques des hommes politiques et diplomates français appelant à remettre en cause l’accord franco-algérien de 1968 sur l’immigration se multiplient.
Après Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France à Alger, Édouard Philippe, ancien premier ministre, président du parti Horizon et maire du Havre, ou encore le président LR du Sénat Gérard Larcher, qui appellent tous trois à revoir cet accord, quitte à aller au bras de fer avec l’Algérie, c’est aujourd’hui au tour du président du groupe Les Républicains au Sénat de se prononcer.
Invité de Christophe Barbier sur les ondes de Radio J, le 8 juin, Bruno Retailleau a estimé qu’Édouard Philippe avait raison de dénoncer cet accord et a rappelé qu’une résolution en ce sens était prête. En effet, des députés du parti Les Républicains (LR) à l’Assemblée nationale ont appelé à dénoncer unilatéralement ledit accord. Les élus de la formation de droite ont ainsi déposé une proposition de résolution en ce sens.
Interpellé par le journaliste sur le risque de créer un incident diplomatique avec l’Algérie, en cas de révision de cet accord, celui-ci a répondu sans détour: «et alors?».
«Faut-il aller à ce rapport de force, à ce bras de fer avec ce pays?», s’est inquiété Christophe Barbier, ce à quoi Bruno Retailleau a répondu sans détour que «ce n’est pas nous qui menons ce bras de fer, c’est les Algériens».
Un point de vue assumé et partagé aussi par Xavier Driencourt, malgré le fait expliquait-il dans une interview accordée au Point que cette décision ferait assurément l’effet d’une «bombe atomique» côté algérien. Même son de cloche du côté d’Édouard Philippe qui, interviewé quant à lui par L’Express, expliquait que s’il «ne minimise pas les difficultés que cela engendrerait (…) il est temps de remettre en cause l’accord de 1968 avec l’Algérie».
Pour le Sénateur de Vendée, il n’est «plus possible» de continuer de la sorte, car poursuit-il, «les Algériens considèrent qu’ils ont un droit de tirage illimité, moral sur la France et ils considèrent que la colonisation leur a donné des droits éternels, notamment des visas». Seule solution possible pour mettre fin à ce chantage, «la normalisation de la relation entre la France et l’Algérie».
Lire aussi : Xavier Driencourt: aucune solution à l’immigration illégale sans reconsidération de l’accord franco-algérien de 1968
Cette normalisation que Bruno Retailleau appelle de ses vœux est d’autant plus nécessaire que ce qu’il qualifie de «fascination» et «d’obsession algérienne» d’Emmanuel Macron, «a fâché la France avec le Maroc». Mais questionne-t-il, le président français a-t-il pour autant réconcilié la France avec l’Algérie? La réponse est non, déplore-t-il.
Pour le sénateur français, cette réconciliation semble d’ailleurs peu probable car, développe-t-il, «il y a en réalité depuis l’indépendance (en Algérie) une caste politique qui a appauvri ce pays et qui fait un chantage vis-à-vis de la France, notamment un chantage mémoriel».
L’objectif est donc triple: revoir l’accord franco-algérien de 1968, «conserver les meilleures relations possible avec l’Algérie» et «normaliser nos relations».