D’une crise à l’autre. Avec quel voisin le régime d’Alger ne va-t-il pas se fâcher? À peine une crise algérienne semble se calmer qu’il en engendre trois nouvelles. Alger semble incapable de résoudre un problème sans en créer un autre, parmi ceux dans lesquels il s’est enlisé seul.
Dimanche 6 avril, au moment même où le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, quittait Alger, en affirmant avoir convenu avec le président algérien d’un «retour à la normale» entre les deux pays, le Mali, le Niger et le Burkina Faso annonçaient le rappel de leurs ambassadeurs à Alger.
Dans un communiqué commun publié dans la soirée de dimanche, les trois pays déclaraient que «le collège des chefs d’État de l’AES (Alliance des États du Sahel) décide de rappeler pour consultations les ambassadeurs des États membres accrédités à Alger».
Ce nouveau revers, qui isole un peu plus l’Algérie, intervient une semaine seulement après un incident survenu dans la nuit de lundi à mardi dernier, quand le ministère algérien de la Défense annonçait, avec un triomphalisme déplacé, avoir abattu un drone de l’armée malienne, préntendument intrus dans son espace aérien.
Or, selon les résultats de l’enquête menée par les autorités maliennes, «l’épave du drone a été localisée dans une zone située à 9,5 kilomètres au sud de la ligne de frontière entre les deux pays». Ce qui signifie que le drone malien n’est jamais entré en territoire algérien. «La distance entre le point de rupture de liaison avec l’appareil et le lieu de localisation de l’épave est de 441 mètres. Ces deux points sont tous situés sur le territoire national», précisent les autorités maliennes, selon lesquelles le drone abattu «est tombé à la verticale, ce qui, probablement, ne peut s’expliquer que par une action hostile causée par des tirs de missiles sol-air ou air-air».
L’usage de ces missiles est une preuve, selon les Maliens, que l’Algérie a abattu le drone pour protéger les séparatistes et les terroristes maliens qu’elle accueille sur son territoire.
Dans un communiqué du gouvernement malien de transition, lu à la télévision publique par le général de division Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement et ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, l’Algérie aurait refusé de coopérer avec les enquêteurs maliens, opposant un «silence coupable» à leur demande de preuves concernant la violation de son espace aérien par le drone, comme l’affirme l’armée algérienne.
Tandis qu’Alger ne peut étayer son accusation, les autorités maliennes ont communiqué les coordonnées exactes de géolocalisation de la rupture de contact avec le drone et de son épave. L’agression préméditée et le viol de l’espace aérien d’un pays souverain par l’Algérie ne faisant plus l’ombre d’un doute, les autorités maliennes concluent à «la connivence» du régime algérien avec les terroristes qui s’activent au nord du Mali.
Selon le général Maïga, le drone abattu était en mission d’observation d’un groupe terroriste qui se préparait à mener une opération contre l’armée malienne. C’est pourquoi la destruction par l’armée algérienne de cet appareil, qui opérait en territoire malien, est qualifiée «d’acte d’agression» contre le Mali. Face à la gravité de cet acte inédit, Bamako affirme qu’elle «condamne avec la dernière rigueur cette action hostile, inamicale et condescendante des autorités algériennes».
Selon le porte-parole du gouvernement malien, «cet agissement prouve, si besoin en était, que le régime algérien parraine le terrorisme international. En effet, la destruction du drone a clairement pour effet, sinon pour but, d’entraver la neutralisation de groupes armés ayant revendiqué des actes terroristes».
Cette sortie officielle du gouvernement malien apporte un démenti cinglant aux allégations du ministère algérien de la Défense qui avait annoncé, mardi dernier, que le drone, dont il a omis de préciser l’origine, a été abattu «au-dessus de Tinzawatine après être entré dans l’espace aérien algérien sur une distance de deux kilomètres». Une «absurdité», selon le gouvernement malien, qui se demande «comment l’épave du drone se serait retrouvée à 9,5 km de la ligne de frontière à l’intérieur du Mali, si l’appareil avait réellement violé l’espace aérien de l’Algérie sur deux kilomètres».
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En effet, les enquêteurs maliens ont «conclu avec une certitude absolue que le drone a été détruit suite à une action hostile préméditée du régime algérien», a précisé le porte-parole du gouvernement malien. Une conclusion d’autant plus convaincante que les alliés sahéliens du Mali (Niger et Burkina Faso) n’ont pas hésité à se solidariser avec lui.
Dans un communiqué, publié dimanche à Bamako, et signé par le général Assimi Goita, chef d’État malien et président actuel de l’AES, le collège présidentiel de cette alliance dénonce la destruction du drone malien, considérée comme une «agression visant tous les États membres de l’AES, une méthode malveillante de promotion du terrorisme et contribuant à la déstabilisation de la région».
Dans leur communiqué commun, également lu à la télévision d’État par le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, les présidents sahéliens considèrent que le régime algérien soutient le terrorisme, car en abattant le drone malien à un moment et dans un lieu précis, il «a empêché la neutralisation d’un groupe terroriste qui prévoyait de commettre des actes contre l’AES». Les chefs d’État des trois pays du Sahel ont donc décidé de sévir et de «rappeler les ambassadeurs des États membres accrédités en Algérie pour consultations».
Outre le rappel des ambassadeurs de l’AES à Alger, le Mali a pris trois mesures contre «le régime algérien, exportateur de terrorisme»: la convocation de l’ambassadeur d’Algérie à Bamako pour protester, le retrait avec effet immédiat du Comité d’état-major conjoint, une coquille vide qui réunissait l’Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie et, enfin, le dépôt d’«une plainte devant les instances internationales contre le régime algérien pour agression». Ces actions révèlent le manque de confiance qu’inspire la diplomatie algérienne à de nombreux pays.
Dans une stratégie d’isolement du Mali, le régime algérien a envoyé, à la veille du mois de Ramadan dernier, trois avions militaires transportant des aides humanitaires au Niger, parmi d’autres gestes calculés. Le 12 janvier dernier, ce sont 106 tonnes de denrées alimentaires qui ont été fournies au Burkina Faso, toujours dans l’objectif d’isoler le Mali, dont le seul crime est d’avoir abrogé «l’Accord d’Alger» pour se soustraire à l’ingérence algérienne dans ses affaires intérieures. Le jour de l’Aïd Al-Fitr, le 31 mars dernier, Abdelmadjid Tebboune a provoqué le Mali en accueillant l’imam et opposant malien, Mahmoud Diko, à la grande mosquée d’Alger.
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Acteur de déstabilisation en Afrique du Nord et au Sahel, le régime d’Alger est largement critiqué. Tous les pays voisins sont en conflit latent ou manifeste avec lui, à l’exception de la Tunisie vassalisée. Le régime d’Alger est devenu un cancer qui affaiblit l’Afrique du Nord et le Sahel et empêche les peuples de ces régions de prospérer. Il devient urgent de l’éradiquer.
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