Le «constat» est tellement répétitif qu’il en devient ennuyeux. Quand il se double de mensonge, de bêtise et de méchanceté, il devient agaçant. Il en va ainsi du régime d’Alger qui cherche à faire du malheur, même imaginaire, des autres une victoire dont il s’attribue honneur et gloire.
C’est le cas précisément de la situation économique en Espagne que le pouvoir voisin souhaite voir au bord de l’effondrement. Par les sanctions imposées aux importations en provenance d’Espagne, le régime d’Alger pensait mettre à genoux la quatrième économie de l’Union européenne. Non, il ne faut surtout pas rire. Le voisin de l’Est a une idée tellement hypertrophiée de son poids qu’il suffit qu’il éternue pour que toute l’économie d’un pays se grippe. On vous passe les litanies lassantes des médias algériens sur les pertes infligées à l’économie espagnole, sur Perdro Sanchez pénitent qui cherche à tout prix à se repentir de son hérésie sur la souveraineté du Maroc sur le Sahara atlantique…
On s’en souvient, tout a commencé quand le pouvoir algérien s’est fâché contre Madrid, le voisin ibérique ayant opéré, un certain 14 mars 2022, un revirement radical dans sa position sur le différend du Sahara, à l’avantage du Maroc. Entendez un soutien ferme de l’État espagnol à la proposition d’autonomie des provinces sahariennes sous souveraineté marocaine, «la seule solution à la question du Sahara», et une reconnaissance de facto de la souveraineté du Royaume du Maroc sur le Sahara occidental par l’ancienne puissance coloniale de ce territoire.
Un tournant historique qui a mis la junte dans tous ses états. Le 19 mars 2022, Alger a rappelé son ambassadeur Saïd Moussi en guise de protestation. Dans la foulée, en juin de la même année, le régime algérien a décidé la suspension «immédiate» du Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération conclu le 8 octobre 2002 avec le royaume d’Espagne, rendant plus chères ses livraisons de gaz et fermant ses superettes et ses entreprises importatrices à toutes les formes d’approvisionnement espagnoles.
L’objectif de la junte était d’utiliser le chantage économique comme moyen de pression sur Madrid pour la porter à reconsidérer son appui à la marocanité du Sahara. Mais il n’en fut rien, loin s’en faut. Quelque 19 mois plus tard, plus précisément le jeudi 2 novembre dernier, le régime d’Alger battait en retraite, en annonçant la nomination d’un nouvel ambassadeur à Madrid. Son appui irréversible au Maroc, s’agissant de son Sahara occidental, s’est achevé dans un cul-de-sac.
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Pour se donner de l’importance, il ne lui restait plus que les «pertes assénées» à l’Espagne. Le tout est doublé de suspensions chaotiques, annoncées puis annulées, des domiciliations bancaires relatives aux importations et exportations de et vers l’Espagne. À l’arrivée, un manque à gagner estimé à 2 milliards d’euros pour l’Espagne tel que le régime d’Alger se plait à le proclamer sur les toits. Des entreprises espagnoles qui mettent massivement la clef sous le paillasson. Des chefs d’entreprise qui font des sit-in ininterrompus devant la Moncloa. Pendant deux ans, la presse algérienne a énuméré les malheurs de l’économie espagnole, les dizaines de milliers de chômeurs, l’opposition en ébullition, la majorité dans l’impasse. Évidemment, toutes ces assertions du régime d’Alger et de ses médias sont puisées dans un monde parallèle.
Dans le vrai monde, l’économie espagnole se porte comme un charme. Le pays devrait connaître une croissance de 2,7% cette année, indique le quotidien Le Monde dans une analyse dédiée. Ceci, pendant que l’économie allemande stagne depuis deux ans et que le produit intérieur brut (PIB) de la France devrait difficilement progresser de 1,1% cette année. La population active en Espagne est passée de près de 23 millions à 24,4 millions de personnes. «L’Espagne fait figure de locomotive économique de la zone euro», n’hésite pas à conclure Jesus Castillo, économiste chez Natixis, cité par le quotidien français.
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En 2023, Pedro Sanchez disait que l’économie espagnole «avance comme une moto». En mai 2024, il a lancé: l’économie espagnole avance à présent «comme une fusée». À croire que l’économie espagnole ne s’est jamais aussi bien portée que depuis que le régime d’Alger a décidé de la ralentir.
Ces bons résultats s’expliquent en partie par le boom du tourisme. Après une année 2023 record (+13% de hausse des revenus touristiques), l’Espagne devrait voir l’activité générée par ce secteur bondir encore de 5% en 2024. Ce royaume devrait dépasser les 90 millions de visiteurs étrangers d’ici à la fin de l’année.
L’économie espagnole a également profité de prix de l’énergie modérés, grâce au poids important des énergies renouvelables, permettant à son industrie manufacturière d’améliorer sa compétitivité face à ses voisins européens. Autant dire que le gaz, algérien ou pas, n’est pas la seule source d’énergie dans ce pays. «La hausse de la commande publique a enfin soutenu l’activité, alors que le déploiement des fonds du plan de relance européen devrait prendre de l’ampleur en 2025 et en 2026 et ainsi doper des investissements privés pour l’heure décevants», lit-on.
Dans le monde réel, l’Algérie et les aboiements de sa meute médiatique, comptent pour du beurre. Et encore.