Récemment propulsé au poste de «président directeur général de la Société de gestion des services et infrastructures aéroportuaires d’Alger (SGSIA)» et de facto de l’aéroport international d’Alger Houari Boumediene, le plus grand du pays voisin, Mokhtar Saïd Mediouni a tenu une conférence de presse, le 18 mars, pour présenter les grandes lignes de son projet de développement et justifier ainsi sa nomination surprise à un poste où personne, vraiment personne, ne l’attendait.
Premier objectif de l’ancien chroniqueur télé spécialisé dans la haine du Maroc, et dont la seule expérience dans l’aviation se résume au fait que cet ancien officier «a été, par le passé, pilote d’hélicoptère» (dixit un média officiel): rétablir les lettres de noblesse de la gastronomie algérienne au sein du salon VIP de l’aéroport d’Alger.
La gastronomie marocaine pour séduire les VIP
«Nous avons pratiquement trois salons de première classe», a annoncé le nouveau PDG, visiblement peu sûr du nombre actuel de salons que compte son aéroport. Ça commence bien… «Je vais y introduire les mets algériens. Je ne vois pas pourquoi on va continuer à servir les petites pizzas, les petits gâteaux secs qui ne nous appartiennent pas. Ça, c’est à eux là-bas», a poursuivi fièrement ce grand patriote visiblement sensible à la question de l’appropriation culturelle, bien déterminé à bouter hors de l’espace VIP ces mets importés d’autres contrées, inconnues pour la peine, afin de mettre à l’honneur l’art culinaire algérien.
Mais de quelle gastronomie algérienne parle donc notre homme? Se risquerait-il vraiment à servir une omelette-frites aux passagers qui voyagent en business class? On est dubitatifs, et presque admiratifs, faut-il l’avouer, d’un tel courage.
Que nenni! Ce fin gourmet de Mokhtar Saïd Mediouni a alors expliqué: «Nous avons des msemens, des baghrirs… C’est tout ça que je vais introduire dans les salons de première classe, pour faire goûter aux gens qui transitent par nos salons la culture et l’art culinaire algériens». Et d’assurer être «certain» que «ce sont des produits qui vont marcher». Ben voyons. Encore une fois, c’est dans la culture marocaine que piochent allégrement les représentants de la «nouvelle Algérie» pour combler le vide qui peuple son patrimoine culturel.
Mahlaba ou espace VIP?
À la lumière de cette stratégie, rien d’étonnant donc que des spécialités marocaines s’algérianisent pour l’occasion. C’est d’ailleurs la spécialité des youtubeuses algériennes qui ont entamé de longue date un travail de pillage culturel de la gastronomie marocaine sur leurs chaînes. Sans compter la multitude de falsifications du contenu relatif à la gastronomie marocaine sur Wikipédia par des mouches numériques qui aident à la manœuvre. Du caftan au zellige, en passant par le malhoun, en Algérie, on n’en est plus à un pillage culturel près. Alors, s’il faut troquer un gâteau sec et une tranche de pizza contre un baghrir pour sauver la face et sauver du naufrage, ou plutôt du crash, l’aéroport d’Alger, qu’à cela ne tienne.
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À propos du choix des mets énoncés dans cette stratégie pour upgrader l’espace VIP, un internaute s’interroge à juste titre sur le réseau X: «C’est une mahlaba ou un espace VIP?» En effet, la question a lieu de se poser car ce que l’on considère en Algérie comme des mets de luxe pour VIP est communément mangé, à toute heure de la journée, par tous les Marocains sans exception.
Quant à cette idée lumineuse présentée en grande pompe par Mokhtar Saïd Mediouni et qui consiste à piocher chez le voisin pour remplir la table algérienne d’un art culinaire qui ne lui appartient pas, celui-ci n’en a même pas la primeur. On se souvient encore de la plateforme numérique dédiée aux Jeux méditerranéens d’Oran, sur laquelle on utilisait des photos de plats issus de la gastronomie marocaine pour faire la promotion de la gastronomie algérienne, représentée en l’occurrence, dans un carnet de (bonnes) adresses destiné aux visiteurs, par des restaurants proposant des tacos, des sushis, du poisson et de la cuisine provençale…