La France a décidé de durcir le ton vis-à-vis de l’Algérie, après plusieurs mois de crise marqués notamment par le refus des dirigeants algériens de remplir les obligations auxquelles ils sont engagés envers la France, à commencer par le retour des ressortissants frappés d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Dans une interview accordée le 27 février au quotidien Le Figaro, le Chef du gouvernement François Bayrou a fait état des différents moyens de pression que la France entend activer si le régime d’Alger ne consent pas à respecter les accords entre les deux pays, notamment en mettant fin aux avantages considérables dont dispose l’Algérie en comparaison à d’autres pays.
Au-delà de l’accord d’immigration de 1968, désormais remis en question, François Bayrou laisse également entendre que le retour à la normale entre les deux pays sera conditionné par la libération de l’écrivain et essayiste franco-algérien Boualem Sansal, âgé de 80 ans, souffrant d’un cancer de la prostate et incarcéré dans les geôles algériennes depuis le 16 novembre 2024.
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Le cas de l’écrivain a été évoqué explicitement par le Premier ministre français le 26 février à l’issue du comité interministériel consacré au contrôle de l’immigration. «Prononcer le nom de Boualem Sansal dans cette conférence de presse» est «une manière de dire l’importance que la France accorde à sa personnalité et au respect qui devrait lui être dû», a ainsi déclaré le Premier ministre français, confirmant ainsi la place que l’écrivain franco-algérien occupe désormais dans les relations entre Paris et Alger.
«Nous sommes dans une grande inquiétude à propos de sa santé» et «des pressions qui sont faites sur lui, notamment (celles) qui mettent en cause ses avocats», a-t-il poursuivi, faisant référence à plusieurs articles de presse qui ont dévoilé que les autorités algériennes ont exigé de Boualem Sansal de remplacer son avocat, Me François Zimeray, par un avocat qui ne serait pas juif. Une requête abjecte en adéquation avec l’antisémitisme haussé au rang de politique d’État par le régime d’Alger.
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Interrogé par Le Figaro, au lendemain de cette prise de parole, sur l’inclusion de la libération de Boualem Sansal dans les requêtes de la France, auxquelles l’Algérie est tenue de répondre dans un délai de 4 à 6 semaines, François Bayrou a maintenu sa position.
«Ce n’est pas un hasard si j’ai évoqué Boualem Sansal. Il est franco-algérien, c’est un grand écrivain. Il a 80 ans. Il est malade, détenu et il y a tant de pressions qui s’exercent sur lui… On lui a par exemple demandé de changer d’avocat en raison de l’origine de celui-ci», a-t-il rappelé. «Ce n’est pas acceptable. Qui plus est entre pays liés par des accords de relations préférentielles», a-t-il ajouté, laissant ainsi clairement entendre que la libération de Boualem Sansal est une composante essentielle de l’ultimatum lancé par la France au régime d’Alger.
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