Le dimanche 23 avril dernier, le département sud-africain des Relations internationales et de la Coopération, qui fait office de ministère des Affaires étrangères à Pretoria, avait annoncé que «la question du Sahara occidental est l’une des questions qui seront examinées par les sous-ministres et envoyés spéciaux des BRICS chargés du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord».
Effectivement, à l’issue de leurs réunions de trois jours, tenues au Cap du 24 au 26 avril 2023, en vue de préparer le sommet annuel des chefs d’État des BRICS, également prévu en Afrique du Sud en août prochain, les diplomates des «Six» ont sorti une déclaration conjointe sur la zone MENA où figure la question du Sahara ,ainsi que les «derniers développements dans les États du Golfe, en Syrie, en Irak, au Liban, en Libye et au Yémen».
Concernant le Sahara marocain, l’Afrique du Sud a tenté, une nouvelle fois et à la demande bien évidemment de l’Algérie, de faire adopter un texte appelant à l’organisation d’un référendum au Sahara, texte qui aurait pu être avalisé par le prochain sommet des chefs d’État des BRICS durant l’été prochain.
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Or, dans la déclaration conjointe de la récente réunion du Cap, les vice-ministres des Affaires étrangères et envoyés spéciaux des BRICS ont soutenu «la nécessité de parvenir à une solution politique durable et mutuellement acceptable à la question du Sahara occidental, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies». Dans sa formulation, cette phrase reprend parfaitement les paramètres établis par les dernières résolutions du Conseil de sécurité qui préconisent une «solution politique réaliste» et enterrent définitivement l’option référendaire que tentent vainement de ressusciter Alger et Pretoria.
De même, les BRICS ont exprimé leur soutien «sans réserve à l’Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental (Staffan de Mistura) et aux efforts qu’il déploie pour faire avancer le processus politique qui aboutira à la reprise du dialogue entre les parties concernées».
Même si dans la formulation de ce dernier paragraphe de la déclaration, l’Afrique du Sud a tenté de préciser que les «parties concernées» sont le Maroc et le Polisario, les diplomates des BRICS ont clairement montré que dans le dossier du Sahara, ce sont les résolutions du Conseil de sécurité qui restent l’unique référence. Et cela d’autant plus que la Chine et la Russie, membres des BRICS et membres permanents du Conseil de sécurité, n’ont jamais voté contre les résolutions du Conseil de sécurité sur le Sahara. La Chine a toujours voté en faveur de ces résolutions soutenant la solution politique préconisée par le plan marocain d’autonomie au Sahara, alors que la Russie, pour ne pas déplaire à l’un de ses plus gros clients en matière d’armement, a préféré s’abstenir.
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D’ailleurs, l’on sait que les deux dernières résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Sahara -qui, faut-il le rappeler, sont la référence des BRICS- ont été officiellement rejetées par l’Algérie, à travers des communiqués du ministère algérien des Affaires étrangères. Ce qui montre clairement que ce pays, qui est la principale et unique partie prenante au conflit du Sahara, a pris le parti de se mettre au ban de la communauté internationale et de considérer le Conseil de sécurité comme un épouvantail sur la question du Sahara.
De la même façon qu’elle a manœuvré à l’ONU durant les deux années où elle a siégé comme membre non permanent du Conseil de sécurité (du 2 janvier 2019 au 31 décembre 2020), l’Afrique du Sud, qui a même assuré la présidence tournante du Conseil de sécurité, n’a jamais réussi à infléchir la position désormais constante de l’exécutif onusien.
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Pretoria sait pertinemment, comme l’Algérie, que le référendum d’autodétermination au Sahara est une option définitivement enterrée depuis des lustres et n’est plus dans l’agenda ni de l’ONU, ni de son Conseil de sécurité, ni de son Envoyé spécial au Sahara, ni de la Minurso. Maintenant, ces deux capitales savent aussi que les BRICS, dont fait pourtant partie l’Afrique du Sud et que veut rejoindre l’Algérie, utilisent le langage onusien et savent pertinemment que le référendum est une option obsolète et irréalisable.
En faisant référence exclusivement au Conseil de sécurité, les BRICS infligent un deuxième camouflet à l’Afrique du Sud qui tente, avec Alger, de conférer un rôle à l’Union africaine dans le conflit du Sahara. En agissant de la sorte, ces deux capitales violent les décisions mêmes de l’Union africaine, et particulièrement la décision 693 adoptée par le Sommet des chefs d’État africains le 2 juillet 2018 à Nouakchott. À travers cette décision, l’UA a clairement précisé que la question du Sahara est désormais du ressort exclusif de l’ONU, et que l’Union africaine se limitera, à travers une troïka de chefs d’État, à «apporter un soutien efficace aux efforts conduits par l’ONU», si cette dernière le demande.
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Après avoir donc échoué dans tous les forums, que ce soit à l’ONU, l’UA, la Ligue arabe ou les Non-Alignés, le duo Algérie-Afrique du sud tente aujourd’hui une dernière salve au sein des BRICS, pour y chercher un improbable soutien à sa littérature sur un impossible référendum au Sahara. Cette tentative a également subi un échec amer pour les deux capitales. Pourtant, la junte algérienne, en quête de succès diplomatiques chimériques, a chauffé sa meute médiatique pour crier victoire. Cette meute médiatique devrait juste garder en mémoire que la référence aux résolutions du Conseil de sécurité qu’elle applaudit aujourd’hui avec des hourras est la même que leur pays a rejetée en 2021 et 2022.