Le plaidoyer enflammé de Christophe Lecourtier pour un dialogue Maroc-France rénové

Christophe Lecourtier, ambassadeur de France au Maroc, le 14 juillet 2023 à Rabat.

Christophe Lecourtier, ambassadeur de France au Maroc, le 14 juillet 2023 à Rabat.

Dans une allocution donnée à l’occasion de la célébration, hier à Rabat, de la fête nationale du 14-Juillet, l’ambassadeur de France au Maroc, Christophe Lecourtier, est longuement revenu sur ce qui unit son pays au Maroc. Il n’a pas au demeurant tari d’éloges sur les réalisations du Maroc et le caractère exceptionnel de la relation entre la France et le Royaume. Ce discours enflammé est-il annonciateur de la fin des «tumultes» et des «turbulences» dans la relation entre les deux pays?

Le 15/07/2023 à 10h33

La cérémonie organisée vendredi à la résidence de France à Rabat, en présence de 2.000 personnalités, se voulait une commémoration du 14-Juillet, à laquelle le gouvernement marocain était représenté par le ministre de l’Agriculture, Mohammed Sadiki. Mais l’événement s’est vite transformé en célébration des relations Maroc-France dont le point marquant aura été l’allocution de l’ambassadeur Christophe Lecourtier.

Capacité de transformation

Dans un discours qui, de son propre aveu, n’a échappé «ni à la longueur ni à l’emphase» tant le caractère de la relation est «exceptionnel», Christophe Lecourtier s’est d’abord attardé sur la place qu’occupe désormais le Maroc «dont la capacité à se transformer pour relever les défis de ce monde nouveau, sous l’impulsion réformatrice de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, force l’admiration».

Un Maroc devenu un modèle dans la région, en matière de stabilité politique et sociale, de sécurité et de développement économique. «La pandémie, la guerre en Ukraine et la sécheresse l’ont éprouvé, mais il a démontré sa capacité à maintenir sous contrôle ses finances publiques et confirmé sa volonté de poursuivre de grandes réformes», a témoigné le diplomate.

Pour lui, le Maroc est aussi un partenaire essentiel de l’Europe, qu’il s’agisse de la protéger de la menace terroriste ou des trafics, d’offrir à ses acteurs économiques des relais de proximité ou de proposer des alternatives décarbonées aux énergies fossiles. «Chacun le mesure: le Maroc est aussi une puissance régionale et africaine, dont la projection sur le continent joue un rôle profondément stabilisateur. C’est enfin un acteur mondial, aux impulsions décisives, notamment pour la protection de nos biens communs», a ajouté Christophe Lecourtier, pour qui le Royaume est «le pays de cœur». La France, elle, change et se modernise «parfois dans le tumulte».

«Un plébiscite de tous les jours»

Si les turbulences «sont le lot des relations les plus intimes», a affirmé l’ambassadeur s’agissant des relations Maroc-France, les liens entre les deux pays et les défis communs méritent l’union. Comme trait d’union, justement, Christophe Lecourtier cite en premier lieu l’éducation, avec les Marocains comme la première communauté scolaire du réseau d’enseignement français dans le monde (48.000 élèves) et la première communauté étudiante étrangère en France (46.000 étudiants). «Un plébiscite de tous les jours» et «socle sur lequel nous sommes résolus de continuer à construire et à moderniser». Sans oublier l’action culturelle française à travers les douze établissements de l’Institut français du Maroc, le plus important du réseau français à l’étranger. S’y ajoutent les flux humains, avec une forte communauté marocaine établie en France et quelque 53.000 Français résidant de manière permanente au Royaume, dont près de 50% de binationaux, comme l’a souligné Sandrine Lelong-Motta, consule générale de France à Rabat, à cette occasion.

Christophe Lecourtier a évoqué également l’économie, le Maroc étant le premier partenaire dans le monde de l’Agence française de développement (7 milliards d’euros engagés en 30 ans), qui s’apprête à étendre le réseau des instituts à gestion déléguée qui a dispensé à 40.000 jeunes une formation adaptée aux besoins des entreprises. A ce titre, l’ambassadeur, ancien directeur général de Business France, en charge notamment du développement international des entreprises françaises, a relevé que ce sont les entreprises qui illustrent la proximité sans égale et l’habitude ancienne de travailler ensemble des tissus économiques des deux pays.

Un dialogue rénové et plus ambitieux

«Où que l’on tourne le regard, nos deux pays sont l’un pour l’autre le partenaire de référence. Le Maroc pour la France parmi les nations africaines, en matière de commerce ou d’investissements. La France pour le Maroc pour les créations d’emplois, la valeur ajoutée créée et l’impôt acquitté, mais aussi par le nombre de touristes ou les transferts financiers des Marocains résidant à l’étranger», a résumé le diplomate français. La preuve? L’essor d’écosystèmes industriels intégrés dans l’automobile et l’aéronautique en particulier.

Pour Christophe Lecourtier, l’espoir est que «nous puissions retrouver dans les meilleurs délais les chemins d’un dialogue rénové et plus ambitieux encore que jamais», car, a-t-il dit en citant Albert Camus, «la vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent».

Rappelons que le roi Mohammed VI a adressé, hier vendredi, un message de félicitations au président de la République française, Emmanuel Macron, à l’occasion de la fête nationale de son pays. Dans ce message, le Souverain a exprimé ses sincères félicitations au président français et vœux de prospérité et de bien-être pour le peuple français.

Par Tarik Qattab
Le 15/07/2023 à 10h33

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C ' est bruxelles que tout se decide et à berlin. Paris c 'est finit . Et puis il y a cette liste des mre en cours de dressée par son mikisrrz attal Une liste tres suspecte d'ailleurs

Un proverbe marocain dit : “Il te brule puis il souffle sur ta brulure ». Ne citant que le désastre des visas qui a écœuré les citoyens marocains, il faudra des générations pour, peut-être, essayer de l’oublier. Je pense que ce pays a tout fait pour démolir ce que des hommes et des femmes des deux rives ont mis des décennies et d’immenses efforts à construire. Quel dommage !

Y peuve dire se qui veule pour faire plaisir ou attendrire ou autres mais se que je sais sais que les loup se mange pas entre eux en algerie sa peut marcher sa mais pas aux maroc chez les lions

Comme l'a dit l'ambassadeur un vieux couple peut avoir des tensions mais reste uni pour l'éternité.

Il est temps pour la France de reconnaître qui sont ses vrais amis au regard de notre histoire commune. Jamais, au grand jamais une junte militaire n’a constitué un pays. Le Maroc est détenteur d’´une unité inébranlable ayant à sa tête un Roi moderne, intelligent et précurseur qui aime profondément son pays, qui le lui rend tous les jours. Le Maroc a changé, c’est au tour de la France de changer si elle veut maintenir ses liens. Des liens tissés de longue date et qu’il serait absurde d’abandonner au profit d’un commerce gazier destiné à devenir obsolète par la force des choses. Il y a encore beaucoup à dire, mais je préfère m’en tenir là car celui qui écrit ces quelques mots connaît plus l’histoire de France que celle de son propre pays.

Merci Excellence pour votre discours d’apaisement bien reçu. Cependant, la France qui était notre ami le plus proche, et malgré son rôle important dans poids de l’histoire récente en amputant le territoire marocain pour l’adjoindre à l’Algérie, doit reconnaitre le Sahara Marocain sans ambiguïté et avec force. Après l’indépendance et pendant que presque toute l’Afrique avait choisi le camps soviétique (l’Algérie continue dans cette voie), le Maroc avait clairement choisi le camp occidental sans regarder dans le rétroviseur comme le fait à répétition l’Algérie. L’Imbroglio actuel avec la France doit laisser la place au bon sens et à la sagesse pour retrouver la sérénité et travailler ensemble pour un avenir mutuellement bénéfique pour les deux parties.

monsieur l ambassadeur devrait savoir que manquer du respect à notre souverain est un acte d insolence et un manque de respect qui doit être réparé officiellement.apres on verra.

Monsieur, l'Ambassadeur; Tant que la France ne reconnaîtra pas clairement que le Sahara est marocain, elle sera inaudible et se fera depasser par d'autres pays au discours plus franc. Le Maroc a autorisé les avions militaires français à le survoler durant la guerre contre le terrorisme au Mali, quand Alger leur a interdit le survol même pour evacuer les blessés. Que la France n'oublie pas que bien des vies françaises ont aussi été sauvées grâce aux attentats dejoués par les services secrets marocains. C'est la difference entre un allié fiable, et une un pouvoir algérien fourbe.

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