Les très sombres perspectives économiques et sociales de l’Algérie

Bernard Lugan.

ChroniqueLa survie du «Système» algérien dépend du prix des hydrocarbures. Ses dirigeants ne peuvent pas avoir oublié que le «contre-choc pétrolier» de 1986 avait débouché sur les manifestations d’octobre 1988, puis sur la guerre civile des années 1990. De même, le cours du pétrole a commencé à baisser au milieu des années 2010, et quatre ans plus tard, il y eut le Hirak…

Le 11/02/2025 à 11h00

Le problème économique de l’Algérie est bien connu: le pays ne produisant quasiment rien, il doit tout acheter à l’étranger (nourriture, vêtements, médicaments, électroménager, pièces de rechange, etc.). Or, ces achats étant payés en devises, et non pas en dinars, il faut donc encaisser des devises…

Tant que le prix des hydrocarbures était haut, l’Algérie a pu faire comme la cigale de la fable et chanter tout en regardant les précieux dollars emplir ses coffres. Entre 2000 et 2015, avant donc la chute des cours en 2016, la vente des hydrocarbures lui a ainsi rapporté 800 milliards de dollars. Une manne colossale qui a permis au «Système» de prospérer, d’acheter la paix sociale et d’alimenter le tonneau des Danaïdes du Polisario.

Mais ces énormes rentrées en devises n’ont pas été transformées en capital productif, parce que, comme il vient d’être dit, l’Algérie doit tout importer. Résultat, durant la même période, les flux sortants ont atteint 700 milliards de dollars, auxquels se sont ajoutés plus de 100 milliards de dollars qui furent dépensés «à la discrétion des gouvernements» (El Watan, 31 janvier 2016).

Depuis l’indépendance de 1962, l’Algérie vit donc sur la rente des hydrocarbures qui fournissent, bon an mal an, entre 95 et 98% de ses exportations et environ 75% de ses recettes budgétaires. Et comme la leçon des crises des années 1986, 1990, 1994 et 2016 n’a pas été retenue, son économie n’a pas été diversifiée. D’où l’impasse actuelle.

En économie réelle, la question est donc de savoir, aux cours actuels des hydrocarbures, combien de devises cette manne rapporte à l’Algérie. La réponse est claire: les chiffres sont loin de l’époque des temps bénis du baril à 140 ou 150 dollars. Les recettes algériennes en devises furent en effet de 59 milliards de dollars en 2022, de 50 milliards en 2023 et de 45 milliards en 2024, une baisse s’expliquant à la fois par la diminution des quantités disponibles à écouler sur le marché international, tant en raison de l’épuisement des gisements que de l’augmentation de la consommation intérieure.

Le drame algérien est qu’en 2024, le quart des 45 milliards de dollars de recettes tirées des hydrocarbures servit à la seule importation de produits alimentaires de base dont l’Algérie était exportatrice avant 1962.

En 2024, 8,5 millions de tonnes de blé furent ainsi importées, la récolte n’en ayant été que de 3 millions de tonnes, pour des besoins de 11 millions de tonnes (Centre national de l’informatique et des statistiques-douanes-CNIS). L’Algérie n’exporte plus d’oranges, alors qu’avant 1962, ses exportations étaient de 200.000 tonnes. Elle n’exporte plus de tomates, de carottes, d’oignons, de haricots verts, de petits pois, de melons, de courgettes, etc. Avant 1962, les primeurs algériennes débarquaient à Marseille, en France, par bateaux entiers, notamment les pommes de terre nouvelles dont les exportations annuelles oscillaient entre 500.000 et un million de quintaux. Sans parler des 600.000 quintaux de grains et des 700.000 de semoule, des légumes secs et même des figues séchées dont l’Algérie exportait environ 120.000 quintaux par an. Toujours avant 1962, l’Algérie exportait 100.000 hectolitres d’huile d’olive et 50.000 quintaux d’olives, tandis qu’aujourd’hui, la production nationale ne permet même pas de satisfaire la demande locale.

«Le “Système” algérien ne pourra pas continuer à financer le Polisario, à consacrer des sommes colossales à ses forces armées, tout en achetant la paix sociale.»

La sécurité alimentaire de l’Algérie n’est donc assurée dans aucune des filières alimentaires stratégiques que sont les céréales, les laitages, les viandes, les sucres et les graines oléagineuses qui pourraient pourtant être produits sur place.

Le naufrage est donc évident, car l’Algérie n’est plus en mesure de satisfaire les besoins élémentaires d’une population dont le taux d’accroissement annuel est de 2,15%, avec quasiment 900.000 bouches supplémentaires à nourrir chaque année. Au mois de janvier 2024, le pays comptait ainsi 46,7 millions d’habitants (contre 12 millions en 1962).

La survie du «Système» algérien dépend donc du prix des hydrocarbures. Ses dirigeants ne peuvent en effet pas avoir oublié que le «contre-choc pétrolier» de 1986 a débouché sur les manifestations d’octobre 1988, puis sur la guerre civile des années 1990. De même, le cours du pétrole a commencé à baisser au milieu des années 2010, et quatre ans plus tard, il y eut le Hirak…

Or, il vient d’être dit que l’Algérie, qui n’a pas retenu la leçon des crises des années passées, n’a pas diversifié son économie. Une situation qui faisait dire, il y a déjà dix ans de cela, à Sid-Ahmed Ghozali, ancien ministre et président-directeur général de la Sonatrach:

«Je crains un effondrement. Il est inéluctable (…) Après 53 ans d’indépendance, notre société vit par la grâce d’une richesse épuisable et unique, de surcroît non créée par nous. L’Algérie est l’un des rares pays, sinon le seul, à se retrouver dans cette si grande et si dangereuse précarité: 99% de nos importations, y compris le blé de notre pain quotidien, sont payées par les revenus des hydrocarbures! Qui est responsable de cet état de choses? Un pouvoir vautré dans l’économie de la rente.» (El Watan, 28 septembre 2015).

Si les décisions du président américain Donald Trump concernant les prix des hydrocarbures se concrétisaient, avec un prix du baril entre 50 et 60 dollars, l’Algérie serait alors aux abois, car, d’après le FMI, l’équilibre budgétaire algérien nécessite un baril entre 130 et 140 dollars.

En 2024, le budget de l’État algérien fut bâti sur la base de 113,15 milliards de dollars de dépenses et de 67,44 milliards de dollars de recettes, soit un déficit d’environ 45,71 milliards de dollars, le budget de la défense étant quant à lui de 25 milliards de dollars. Dans la loi de finances prévisionnelle 2025, les dépenses budgétaires prévues s’élèvent à 127,40 milliards de dollars, soit une hausse de 10% par rapport à 2024, avec des recettes budgétaires de 63,13 milliards de dollars, d’où un déficit budgétaire de 64,27 milliards de dollars.

L’heure des choix déchirants approche donc pour le «Système» algérien qui ne pourra pas continuer à financer le Polisario, à consacrer des sommes colossales à ses forces armées, et tout cela en achetant la paix sociale.

Par Bernard Lugan
Le 11/02/2025 à 11h00

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Ce sont des gens qui ne travaillent pas; ils ont tous de l'huile dans leurs langues et pas dans les bras.

Le Grand Bêtisier Algérien a atteint des Sommets Imbattables ! ... Ils provoquent des Conflits Stupides et gratuits avec beaucoup de Pays et pour chercher à les résoudre ils nagent dans les Confusions et les Humiliations l'exemple de la Syrie se passe de tout commentaire !? ... Que vont-ils donner ou faire pour libérer leurs Soldats et les miliciens du Polisario envoyés pour défendre Bachar Alassad ?! ... À force de vouloir se distinguer ils ne font que s'enfoncer dans le RIDICULE !!?? ... Le ridicule ne les dérange pas... Le Top vient d'être dit devant un parterre de Micros et de Caméras par leur ministre de la "communication" : "... Il y a 9000 Journalistes dans le Monde qui attendent la moindre occasion pour attaquer l'Algérie ! ..." ... Mon Dieu 🙉 ! MERCI

Ça pue le Fennec dans les coms.

Premièrement comparer la production agricole de 1962 et aujourd’hui omet la considération démographique (près de 50 millions de bouche à nourrir ) et donc occulte les progrès de production nationale. Vous ne traitez pas des récent programmes agricole pour l’auto suffisance (lait, céréales et primeurs) initiés dans le désert … Deuxièmement vous oublié de cités les chiffres de croissance +4% pib qui font de l’Algérie la locomotive du Maghreb et qui assurent l’équilibre future des budget. Enfin et c’est le plus important vous omettez l’évaluation des ressources quasi illimitées encore non exploitées du sous sol (schiste / fer / phosphate terre rares , albien etc etc.

Shark? Plutôt sardina😂 Le pur jus karghouli vit toujours dans les fantasmes des chiffres, comme d'ailleurs leur clown président.Ce pays sous développé qui n'arrive pas à offrir du lait frais à sa misérable populace, qui passe dès l'aube ses misérables journées dans des files d'attente interminables pour la3dess, loubia, zit, le lait en poudre etc,qui peine à avoir de l'eau courante 24/24h pour se laver, qui pue le putois pendant des mois (Dz), toute leur matière fécale est jetée par dessus les fenêtres dans des sachets en plastique par manque d'eau,des milliers de HARRAGA Dz sont arrivés en Espagne en 2024 et enfermés dans des centres de rétention comme des animaux, sans oublier des centaines de HARRAGA Dz rejetés morts en méditerranée ect. Le fanfaron karghouli nous parle de croissance😂

L Algérie manque de tout même des bonbonnes de gaz ça dans le sens de l article, vous payez votre soutient aveugle au polisario et aux idées farfelus héritées de boumediene à nos jours, s inventer une histoire une géographie et une économie voilà l objectif de L Algérie ; pathétique Nous écoutons et lisons vos conneries à longueur de journées L épuisement des réserves de gaz et par conséquent des devises s ajoute à ca l absent de toute économie reelle; production agricole dans le désert et pib de 4% : vous êtes sérieux? La folie s est emparé de vous et vos semblables

pose toi une seule question pourquoi vous êtes + de 7 millions en France

Lugan n'y connait rien aux questions énergétiques et lit mal les rapports d'experts énergétiques. Rien que pour les gisements historiques algériens en gaz et pétrole, l'Algérie peux y puiser à souhait jusqu'en 2050. Après, il y a les nouveaux gisements découverts depuis 2017 qui poussent la manne jusqu'en 2100. Seulement 20% des ressources naturelles sont exploitées. Et puis Lugan oublie les réserves énormes et inépuisables en gaz de schiste qui commencent seulement à être exploitées et quand bien cela fait des rabages au niveau environnement. Tout ça, les dirigeants algériens le savent et c'est la raison pour laquelle, ils ne souhaitent pas gérer le pays, et à tous les niveaux, comme des boutiquiers mais comme des rentiers très fortunés.

@ Dida! Le bani karghol ne vous répondra jamais à votre pertinente et humiliante question. Le bani karghol vit comme un mendiant chez l'ex-bourreau françaoui de 132 ans de viols en réunion et de massacres de masse, qui expose toujours des crânes décapités d'algériens au musée de l'homme à Paris Le bani karghol n'a ni digne, ni méla. Extrait de Marion Maréchal: l'Algérie qui s’inquiète, je cite, pour le sort de ses ressortissants dans l’épreuve, faut-il leur rappeler que les Algériens représentent la nationalité la plus représentée dans les PRISONS françaises, que 42 % de ces ressortissants algériens n’ont AUCUNE activité en France et vivent aux crochets des TRAVAILLEURS français, que près de la moitié de ces ressortissant algériens vivent dans des HLM aux FRAIS du contribuable français.

Le manque de devise est une réalité et pour exploiter du gaz de chiiste il faudrait sacrifier l environnement et avoir de fortes capacités en eau, l agriculture, le tourisme l industrie, projets et plans pour attirer de nouveaux investisseurs ; inexistants, l et l instabilite aux frontieres et influence de l iran , etc

S'ils sont si riches que viennent ils faire en Europe et ailleurs s'ils sont si riches et si bien pourvus pourquoi font ils la queue pour les produits de première nécessité...ils ne sont riches et dépensiers que lorsqu'il s'agit de mettre des bâtons dans les roues de leur voisin, pour spolier leur terres...puisse le baril ne plus rien valoir ce serait bien fait pour leur gueules...

Le but de ce régime algérien après moi le déluge ils s'en servent entre eux, le peuple ne compte pas, c'est déjà assez pour lui. Un régime voyou, une dégradation entre 1962 juste quelques temps après le depart de la France qui avait tout produit. Ce régime entre temps n'a fait que dévaster le pays et broyer sa population en distribuant une somme colossale pour sa progéniture le polisario et le partage des ressources gaz et pétrole entre eux et leur fixation sur Sidhoume le Royaume du Maroc Chérifien Millénaire qui s'occupe sérieusement de son pays avec des réalisations extraordinaires.

@jonas Si toi tu es Marocain moi je suis un Japonais

J espère que leur réaction sera constructive et non destructive s ils avaient mise sur un marché commun africain avec des bases saines et un partenariat avec ses voisins A vouloir promouvoir la haine on ne voit plus l essentiel

J'espère plutôt qu'ils vont s'autodétruire de la même façon qu'ils tentent de le faire avec nous ce serait un juste retour des choses.d'ailleurs ils nous en ont donné un bon aperçu lors de leur décennie noire...que leur maladie se retourne contre eux et qu'ils nous fichent la paix...en toute sincérité et pour ce qu'ils nous font je ne leur souhaite aucun bien... Qu'allah les guides ou qu'ils les éloigne à jamais...

Si j'avais un conseil a donner a des anthropologues et psychologues sérieux. Ils devraient se réunir pr faire une analyse spectrale de l'Algérie objective et documentée. Le pb est qu'on a l habitude d analyser l Algérie seulement par le prisme politique et des stéréotypes. Il faut essayer de comprendre comment s'est formé l homo algerianus post 62. Cela n'a pas commencé par Boumediene ou le FLN mais par 130 ans de destruction psychique et d aliénation méthodique. Ceci est tellement profond et inconscient que ni les algériens ni les non algériens ne s'en rendent compte vraiment. Il faut être conscient qu'il va falloir plusieurs générations comme avec les noirs américains pr guérir des traumatismes. Le problème est que le Maroc et les marocains ne sont que un réceptacle de leurs projections

Ce n'est pas tant ce polisario qui ruine l'économie algérienne mais ses oligarques aussi bien civils que militaire, surtout ceux-ci, il reçoit sa "petite" part du gâteau, elle a été revue a la baisse puisque ses combattants ne font que parader, c'est gratuit, la grosse bouffe est au niveau des principaux généraux qui hormis leurs gros salaires, ils tirent a leurs façons sur les pis de la vache tant que le produit de celle-ci fait 74,4 $ le baril, comme ces bougnats sont d'un fatalisme a décorner les bœufs, ils seront a l’abri avec ce qu'ils ont "épargné" depuis l'époque bouteflika, après ? ils seront plus là, leur âge est a bout de souffle, et ont un proverbe dématérialisé "après moi le déluge" donc algérie dans le chaos

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