Décidément, le président français Emmanuel Macron n’a pas tiré de leçons des mandats de ses sept prédécesseurs à la tête de la Ve république, qui ont tous rapidement compris que tant que l’Algérie est dirigée par une junte militaire illégitime, les relations entre les deux pays ne seront jamais apaisées. En effet, comme vient de le déclarer Nicolas Sarkozy (président français de 2007 à 2012 et plusieurs fois ministre), dans une interview parue mercredi dernier dans les colonnes du quotidien parisien Le Figaro, et reprise en partie par Al Ahdath Al Maghribiya du vendredi 18 août 2023, il est inutile d‘essayer de «bâtir une relation artificielle» avec des généraux algériens qui «utilisent la France comme bouc-émissaire» en vue de «cacher leurs échecs» et détourner les regards de leur corruption à grande échelle..
Interpellant Emmanuel Macron, qui a cru pouvoir réussir là où tous ses prédécesseurs ont réalisé la difficulté, voire l’impossibilité, d’établir des relations franco-algériennes normales, Nicolas Sarkozy le met en garde contre une telle tentative inutile. «Ils la refuseront toujours. Ils ont trop besoin de détourner l’attention de l’échec dans lequel ils ont plongé leur pays en accusant régulièrement la France de tous les maux», lui a-t-il expliqué.
Questionné sur son nouveau livre, «Le temps des combat» (à paraître le 22 août courant aux Editions Fayard), et dans lequel il aborde les relations franco-marocaines et franco-algériennes, Sarkozy reconnaît qu’il a soutenu la candidature de Macron à la présidentielle, même si, comme il le concède, ils ne sont pas en accord sur de nombreux dossiers.
C’est pourquoi, il critique vivement le «tropisme algérien» de la France et de Macron, car il s’agit d’un pari perdant à coup sûr, et qui n’a finalement servi qu’à faire entrer les relations maroco-françaises dans un long tunnel sombre, alors qu’elles étaient historiquement très fortes et stables.
Or cette logique macronienne est dangereuse, selon Sarkozy, car elle fait perdre à la France un allié traditionnel, sans la moindre contrepartie. «Nous ne gagnerons pas la confiance de l’Algérie, et nous perdons celle du Maroc», a conclu Sarkozy.
Al Ahdath rappelle que Macron cherchait un rapprochement avec l’Algérie sous forme de «réconciliation historique», qu’il comptait sceller lors de la visite d’Etat, renvoyée aux calendes grecques, que le président algérien voulait effectuer à Paris cette année.
Pourtant, Emmanuel Macron n’ignore pas la réalité du régime algérien, qu’il a déjà taxé de «régime politico-militaire», fatigué par la contestation interne, avant d’enfoncer le clou en affirmant qu’avant la colonisation française, l’Algérie n’avait jamais existé en tant que nation.
Après avoir tenté de réparer ces propos virulents, mais collant parfaitement avec la réalité amère, Macron a tenté de se faire pardonner en se rendant en août 2022 à Alger, où il a procédé à la mise en place d’une commission mixte d’historiens français et algériens en vue de plancher sur la colonisation et la guerre d’Algérie.
En guise de bonne volonté, Macron a restitué aux généraux algériens, pour les besoins de leur propagande, 24 crânes censés être ceux de résistants. Mais il s’est avéré que 18 de ces crânes, selon même des experts algériens, appartiennent à des Harkis. Sans avoir besoin de relater les nombreux et récents épisodes qui fâchent, on peut dire que les relations franco-algériennes sont à nouveau au creux de la vague.