Invité le mardi 23 avril par la chaîne Le Figaro TV dans son émission «Points de Vue», Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France à Alger (de 2008 à 2012 puis de 2017 à 2020) a expliqué que le réchauffement des relations maroco-françaises débouchera à coup sûr sur une reconnaissance par l’État français de la marocanité du Sahara et, déclenchant par ricochet une énième brouille entre Paris et Alger.
«Nous nous rapprochons du Maroc. Et qu’est-ce qui va se passer du côté algérien? De mon point de vue, il y a deux possibilités: soit nous nous brouillons à nouveau avec les Algériens, surtout si nous reconnaissons la marocanité du Sahara, ce qui me semble inscrit dans les faits et le devenir de notre position diplomatique. Ou alors, pour nous faire pardonner ce rapprochement avec Rabat, nous serons conduits à donner des gages supplémentaires à l’Algérie. C’est un équilibre très compliqué. C’est du funambulisme», a estimé l’auteur de «L’Énigme algérienne: chroniques d’une ambassade à Alger» (éd. L’Observatoire).
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Interrogé sur les raisons de ce changement de pied diplomatique de la France en faveur du Maroc, l’ancien diplomate explique, dans des termes on ne peut plus clairs, que «la France a davantage d’intérêts avec le Maroc, ne serait-ce que sur le plan économique, alors qu’avec l’Algérie, nos intérêts sont extrêmement limités».
«Les Algériens ont choisi la Chine, la Turquie ou l’Allemagne au détriment de la France. Il y a aussi la volonté de se rabibocher avec un partenaire qui joue un rôle important en Afrique. Et j’imagine que le président de la République française a constaté que ses efforts vis-à-vis de l’Algérie n’ont pas produit beaucoup de résultats», a-t-il poursuivi.
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Interrogé sur l’absence au Maroc d’un ressentiment historique à l’égard de la France similaire à celui persistant en Algérie, Xavier Driencourt a répondu en pédagogue: «Tout simplement parce que l’histoire n’est pas la même. Le Maroc fut un protectorat. Il y avait toujours le sultan du Maroc. L’Algérie, quant à elle, était un département français, comme la Corrèze. C’est donc complètement différent.» Dans un entretien avec Le360 en mars dernier, le diplomate français avait confié à ce sujet que «tant que le discours anti-français est mis en avant en Algérie, il y aura toujours un bouc émissaire aux difficultés du pays».