L’Algérie n’en finit pas de s’enfoncer dans l’isolement à cause de l’ineptie de son régime, qui ne cesse de la marginaliser en se comportant en paria au sein de son voisinage immédiat. Ces derniers jours, les médias écrits, télévisions et réseaux sociaux du monde ont braqué leurs projecteurs sur le drame des migrants subsahariens expulsés manu militari du pays, sans le moindre respect pour la dignité humaine.
Dans un article publié le jeudi 24 avril, le site d’information Mali actu rapporte ainsi que «les autorités algériennes ont récemment procédé à l’expulsion massive de migrants de diverses nationalités, dont plusieurs centaines de Maliens. Selon des sources locales, ces personnes ont été abandonnées dans des conditions précaires au tristement célèbre “Point Zéro”, en plein désert saharien à la frontière entre l’Algérie et le Niger».
Le média ajoute que parmi les quelque 1.100 migrants subsahariens, expulsés le samedi 19 avril par l’Algérie vers le Niger, figurent 247 autres Maliens, en plus de ressortissants de nombreux autres pays d’Afrique de l’Ouest, ainsi que deux ou trois ressortissants de pays asiatiques.
Mais cette diversité des nationalités parmi les personnes expulsées n’est qu’un trompe-l’œil, puisque, bien évidemment, les Maliens et les Nigériens restent les principales cibles de cette basse œuvre du régime d’Alger, qui veut ainsi punir Bamako et Niamey après le rappel des trois ambassadeurs des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES: Mali, Niger et Burkina Faso) accrédités à Alger.
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Cette crise, bien partie pour s’inscrire dans la longue durée, a éclaté à la suite de l’acte belliqueux commis par l’armée algérienne, le 1er avril courant, quand elle a abattu un drone de l’armée malienne, au moment où celui-ci ciblait, selon les pays de l’AES, un regroupement de terroristes dans le nord du Mali, près de la frontière algérienne.
Ce n’est pas la première fois qu’Alger utilise l’expulsion massive et brutale de migrants subsahariens en guise de punition contre ses voisins du Sahel. En 2024, année marquée dès son début par la décision des autorités maliennes d’abroger l’Accord d’Alger de 2015 -mettant ainsi fin à toute tutelle algérienne sur la politique de réconciliation au Mali, les expulsions de migrants subsahariens par Alger ont battu tous les records. Plus de 31.000 migrants ont été renvoyés vers le Niger. Et des dizaines, voire davantage, ont péri lors de la traversée du désert saharien.
«Au moins 31.404 migrants ont été expulsés d’Algérie vers le Niger voisin en 2024, un chiffre inégalé selon l’ONG nigérienne Alarme Phone Sahara, qui dénonce les traitements violents, voire mortels, à leur encontre», rapporte une dépêche de l’Agence France-Presse (AFP), relayée par Le Monde dans sa livraison du 14 janvier 2025.
Auparavant, soit le 3 octobre 2023, les relations nigéro-algériennes se sont subitement détériorées suite au démenti fracassant apporté par Niamey, niant formellement avoir mandaté l’Algérie auprès de la CEDEAO en vue de régler le différend régional né du putsch qui a renversé Mohamed Bazoum, l’ancien président nigérien. Ahmed Attaf, ministre algérien des Affaires étrangères, a été ainsi pris en flagrant délit de mensonge et de double jeu. Comment pouvait-il prétendre réconcilier la CEDEAO (dont l’Algérie n’est pas membre) avec le Niger dont il a condamné le nouveau pouvoir militaire? Exactement comme il le fera plus tard avec la Syrie, quand il traitait hier de terroristes les nouveaux maîtres de Damas, avant d’aller à leur rencontre le lendemain en vue de les féliciter d’avoir évincé Bachar al-Assad, allié d’Alger.
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Sur les réseaux sociaux, de nombreuses publications ont dénoncé les expulsions massives de ces derniers jours et semaines. Celles-ci auraient déjà atteint quelque 5.000 expulsions durant ce mois d’avril, dont 2.750 Nigériens à la date du 21 avril, selon un décompte fait par la télévision nigérienne et rapporté par l’agence de presse chinoise Xinhua.
Cette dernière relève parmi les expulsés un nombre important de femmes et d’enfants, et lie clairement ces expulsions à la crise diplomatique aiguë qui prévaut actuellement entre Alger et ses voisins du Sud.
Face à cette nouvelle vague d’expulsions et de violations de droits humains, l’Algérie s’expose à de nouvelles condamnations de l’ONU et d’organisations internationales des droits de l’Homme. Certainement que des ONG sont à l’œuvre actuellement en vue de dresser des rapports sur les exactions en cours contre les migrants subsahariens.
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Déjà, en juin 2023, l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) avait saisi la 53ème session du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU en adressant une missive au rapporteur spécial onusien chargé de la migration. Selon cette ONG, qui accuse l’Algérie d’avoir été auparavant responsable de la mort de 92 migrants dans le désert après leur expulsion en 2013, les mêmes méthodes inhumaines sont toujours en vigueur plus d’une décennie plus tard.
Ainsi, les migrants expulsés par la junte algérienne en 2023, dont 7.000 pour les seuls mois de mars et d’avril de cette année, ont été «soumis à la torture et aux mauvais traitements. Ils sont arbitrairement arrêtés et détenus sans aucune garantie procédurale. Les migrants sont transportés jusqu’à la frontière, où ils sont abandonnés sans eau ni nourriture dans des conditions climatiques extrêmes. Pendant la détention et le transport, les forces de sécurité saisissent les documents et les effets personnels des migrants et leur infligent des violences physiques et sexuelles», écrivait l’OMCT dans sa missive à l’ONU.
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