Chaque année, la Fondation Prince Pierre de Monaco organise une cérémonie à Monaco pour délivrer ses prix de littérature et de musique. Présidée par la Princesse Caroline, excellente lectrice et dame de grande élégance, la distribution des prix se déroule à l’Opéra.
Mais auparavant, Son Altesse Sérénissime le Prince Albert II de Monaco -frère de Caroline- reçoit les invités dans son palais. C’est une maison modeste aux murs habillés de toiles du 18ème siècle. La salle de réception est d’une simplicité étonnante. Décoration sobre au maximum. L’entrée est assez triste et sombre.
Je fais partie du jury littéraire depuis une vingtaine d’années, avec, entre autres, le secrétaire perpétuel de l’Académie française Amine Maalouf, Dany Laferrière, Marc Lambron, Paule Constant, Pierre Assouline, etc. Par ailleurs, c’est un grand musicien marocain, Ahmed Essyad, qui siège au jury du prix de la Musique.
Cette réception, comme dirait notre ami Gad Elmaleh, se passe «à la bonne franquette». Simple, modeste, mais très sympathique. Le Prince est accessible, sans gardes du corps, sans grand protocole. Il reçoit et se montre disponible pour bavarder avec les uns et les autres.
Je sais qu’il adore parler de sport, de Formule 1, de ski et des compétitions sportives internationales. Moi, en dehors de notre belle équipe des Lions de l’Atlas, je suis incapable d’évoquer les sports. Je me suis approché de lui et lui ai demandé si je pouvais l’entretenir dans un coin de la salle. Très disponible et attentif, il me dit: «Je vous écoute».
Je lui ai demandé: «Quelle est la position de la Principauté monégasque sur le dossier du Sahara marocain?». Il a poussé un petit soupir, puis il a répondu: «Ah, c’est un sujet délicat».
J’insiste et lui rappelle que la France a franchi le pas au mois de juillet dernier en reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara atlantique, et, avant elle, des pays européens et aussi les États-Unis d’Amérique. Il était légèrement surpris. Je lui évoque aussi la visite d’État qu’effectuera le président Macron au Maroc à la fin de ce mois.
«Il ne faut pas, à mon avis, négliger la Principauté de Monaco. Elle a son importance politique et culturelle. Ce n’est pas que le lieu des casinos et des courses automobiles.»
En fait, notre discussion a été brève, parce qu’apparemment, le dossier n’était pas assez chaud et j’ose avancer qu’il ne le connaissait pas bien. Je ne me décourage pas et me voilà en train de lui asséner un cours d’histoire et de géographie rapide et convaincant.
Il m’a écouté poliment. Mais j’ai senti qu’il avait besoin d’être mieux informé sur le sujet. Il a évoqué le fait qu’il allait bientôt au Maroc, sans me préciser où. Je découvre ce matin une vidéo où Le Prince danse à l’hôtel Hilton de Tanger. C’est sympathique et «assez cool», comme on dit. Je ne sais pas si cette vidéo est récente ou ancienne. Le fait est qu’il était à Tanger.
J’écris cette chronique pour que notre ministre des Affaires étrangères prenne contact avec le Prince et lui parle. C’est un homme de qualité, pas du tout prétentieux, et est bien disposé à l’égard de la monarchie marocaine et du peuple marocain. Il n’a pas évoqué devant moi l’Algérie et d’éventuels intérêts communs. Il y a besoin que le dossier soit étudié et surtout orienté vers la vérité historique.
En échangeant avec la princesse Caroline, j’ai appris que «les contacts avec la famille royale marocaine» sont excellents, mais pas très fréquents.
Il ne faut pas, à mon avis, négliger la Principauté de Monaco. Elle a son importance politique et culturelle. Ce n’est pas que le lieu des casinos et des courses automobiles. C’est aussi un État ouvert sur le monde, qui ne demande pas mieux que d’être en contact avec notre pays et ses institutions. Ce qu’on appelle dans les médias «le Rocher» est aujourd’hui un État épanoui, riche, attrayant pour les personnes fortunées. Connu parfois pour des raisons marginales -la vie du Prince et de ses sœurs-, Monaco vaut mieux que l’image qu’en renvoie la presse à scandale.
Cette année, le jury littéraire a couronné l’écrivain Mathieu Belezi et a accordé une bourse à Mokhtar Amoudi, qui a publié son premier roman autobiographique en septembre de l’année dernière «Les Conditions idéales» (éd. Gallimard).