Le mois sacré de ramadan a apporté au plus beau pays du monde la pluie qu’il a tant attendue. Un bonheur. Une espérance. Une bonté du ciel.
La pluie est notre pain, notre joie, notre fête et notre besoin absolu. C’est notre sujet de discussion le plus fréquent. Ni torrentielle, ni fine tel un crachin. Mais une pluie simple, humaine, modérée et vivante.
Cette année, après quelques mois de ciel bleu, les nuages, les gros nuages, lourds et imposants, sont arrivés. Les barrages sont davantage remplis. Les paysans respirent. Les animaux aussi.
Pas de pluie, pas de travail.
Pas de pluie, c’est le chômage.
Pas de pluie, c’est l’angoisse et le désespoir.
Une malédiction incompréhensible. La terre a besoin d’eau. Les arbres, plus intelligents que l’Homme, conservent l’eau dans leurs racines en cas de sécheresse. Ils viendraient au secours d’un arbre en train de mourir de soif.
Les arbres, être vivants, communiquent entre eux avec une subtilité qui nous dépasse. Quand ils sont bien traités, ils se tiennent debout. Ils ne penchent pas. Ils se serrent sans s’étouffer et fournissent de l’eau en permanence.
Quand il pleut, ils travaillent. Ils recueillent l’eau, la dirigent vers le sous-sol, là où sont disséminées leurs racines. Ils prévoient l’avenir et gardent cette eau précieusement.
Quand un arbre est seul, il penche en général. Sachez qu’il est malheureux. L’arbre a besoin d’autres arbres. Quand il grandit, il le fait debout, il étale ses branches en faisant attention de ne pas toucher les branches de son voisin. C’est une leçon du vivre ensemble, dans le respect de l’espace de chacun, tout en restant droit et fier.
L’Homme devrait s’inspirer de la vie des arbres pour organiser sa façon d’être au monde. Et la première chose qu’il devrait apprendre c’est de ne jamais abattre un arbre en bonne santé. C’est un crime. Une agression inadmissible. Si l’arbre est mort, il tombera de lui-même comme un vieil homme qui n’a plus la force de vivre. On peut s’emparer de son bois pour se chauffer ou pour un autre emploi.
J’ai vu une pancarte dans un pays du Golfe indiquant qu’«abattre un arbre est passible de plusieurs années de prison». C’est normal. Ces pays en connaissent le prix.
«Des guerres se préparent autour de la maîtrise de l’eau. Des cours sont détournés, d’autres sont piégés. La guerre de l’eau est déjà là.»
Si les larmes se ressemblent, les gouttes de pluie sont diverses, grosses ou fines, violentes ou douces. Dans «Les Yeux d’Elsa», le poète français Louis Aragon compare la pluie à «l’orchestre au grand complet (qui) contrefait (ses) sanglots».
La pluie brille au-dessus de la mer, traverse des nuages tout en laissant quelques éclaircies, et vient nourrir les arbres et la terre. Le poète chilien Pablo Neruda en parle ainsi: «Tu joues tous les jours avec la lumière de l’univers/ Subtile visiteuse, venue sur l’eau et sur les fleurs».
Tous les poètes ont chanté la pluie. Tous les paysans aussi. Ils le font avec leurs mots, avec leurs gestes, avec leurs chants, avec leurs prières.
La pédagogie devrait s’emparer de ce sujet pour inculquer aux enfants l’importance de l’eau, son aspect précieux, vital et parfois assez rare. Il faut être prudent avec l’eau, ne pas la gaspiller, ne jamais laisser un robinet couler sans raison, penser au jour où nous manquerons de ce bien si précieux, plus important que tout l’or et l’argent du monde.
Des guerres se préparent autour de la maîtrise de l’eau. Des cours sont détournés, d’autres sont piégés. La guerre de l’eau est déjà là.
Cela étant, un journal vient de nous rappeler que l’eau de pluie n’est pas toujours bonne à boire. Il écrit: «L’eau tombée du ciel est aujourd’hui chargée de polluants et de microplastiques contaminant l’environnement».
Il est évident que l’amour de la pluie va de pair avec la protection de la nature et la lutte contre les saloperies chimiques que les grands industriels déversent partout, y compris en mer, devenue la plus grande décharge de plastique de la planète.
De la terre, des fumées toxiques s’élèvent vers le ciel et colonisent les nuages. Ainsi, non seulement l’Homme massacre la nature, mais il envoie au ciel de quoi polluer l’air et la pluie.
Finalement, l’Homme est rongé par l’égoïsme et la rapacité infinie. Heureusement, pas tous les hommes. Mais nous assistons aujourd’hui aux multiples colères de cette nature tant maltraitée. Ses catastrophes ne sont pas des accidents, des hasards. Elles sont le résultat de la malveillance de l’Homme à l’égard de ce que l’univers lui a donné et qu’il massacre allègrement.
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