Sillonner le boulevard Mohammed V, c’est feuilleter un livre d’histoire à ciel ouvert, où les composantes de sa richesse architecturale sont autant de marque-pages. Et dans cette balade-lecture, nous sommes accompagnés par Salwa Jattari, chercheuse en histoire.
Traversant la ville en partant de la gare Casa Voyageurs, la plus ancienne gare ferroviaire de la ville, jusqu’à la place des Nations unies (auparavant nommée «place de France») et la vieille médina, cette artère mythique se baptisait à l’origine «boulevard de la Gare». Elle fut l’un des premiers grands chantiers urbains casablancais sous le protectorat français, ouvert précisément en 1915.
Pour le réaliser, «l’administration française avait fait appel aux deux architectes urbanistes Henri Prost et Jean Claude Nicolas Forestier, ce dernier étant également paysagiste», détaille notre guide du jour. D’autres architectes ont également été sollicités pour l’édification des différentes bâtisses qui longent le boulevard, parés de styles architecturaux distincts, poursuit-elle.
«Tel qu’il a été conçu et réalisé, le boulevard Mohammed V était intégré avec de beaucoup d’équipements qui étaient en mesure d’inciter les Européens à s’installer à Casablanca: poste, marché, hôtel, etc.», souligne Salwa Jattari. «Il séparait aussi deux églises: l’Église catholique Jean François d’Assise, construite en 1919, et l’Église évangélique, qui date de 1907», poursuit-elle.
Le Marché central, l’Hôtel Lincoln et la Poste
Ainsi, parmi les premières infrastructures construites sur le boulevard Mohammed V figure le Marché central, conçu par l’architecte Pierre Bousquet en 1917. En face, et la même année, le fameux Hôtel Lincoln, à l’élégante façade néo-mauresque, est sorti de terre sous le crayon de Hubert Bride. Le bâtiment de la Poste a été quant à lui construit en 1919. Dessiné par Pierre Bousquet, il abritait également le siège de la Bourse de Casablanca.
Parmi les autres bâtiments emblématiques, Salwa Jattari cite aussi l’immeuble Maret, signé par Hippolyte Joseph Delaporte en 1932, qui mêle avec audace les styles néo-classique et Art nouveau; ou encore l’Immeuble Levy et Charbon, réalisé en 1929, mariant lignes épurées et formes Art déco imaginées par Ignacio Sansone.
Aujourd’hui, entre flâneries urbaines et clichés Instagram, le boulevard Mohammed V reste un témoin silencieux des métamorphoses de la ville au fil des décennies, où chaque immeuble conte un chapitre de l’histoire casablancaise.
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