Depuis la reconnaissance de la marocanité du Sahara par la France, les relations entre Paris et Alger sont au plus mal. Voilà qui démontre, s’il en était encore besoin, que c’est bien l’Algérie qui a créé de toutes pièces l’artificielle question du Sahara dit «occidental». Avec une rage non contenue et contraire à tous les usages diplomatiques, l’Algérie insulte quotidiennement la France. Un comportement totalement contre-productif, cette frénésie ayant abouti à dresser contre Alger la majorité de l’opinion française. Une opinion qui commence à être lassée du procès fait à la France par une Algérie qui lui doit tout… jusqu’à son nom, et qui, tout au contraire, devrait la remercier de lui avoir offert ses frontières en amputant territorialement le Maroc.
En réalité, si l’Algérie défend avec détermination les frontières tracées par les colonisateurs, c’est parce qu’elle est la grande bénéficiaire du «charcutage» frontalier qui permit de la créer. Une politique qui se fit en quatre principales étapes:
1- La première date des débuts de la présence française en Algérie, quand, après la bataille d’Isly, et afin de mettre un terme au conflit franco-marocain, fut signé le Traité de Tanger, le 16 septembre 1844, suivi, le 18 mars 1845, du Traité de Lalla Maghnia. Ce dernier fixa la frontière algéro-marocaine d’une manière à ce point imprécise que des parties entières du territoire marocain furent de facto et peu à peu rattachées à l’Algérie, alors sous autorité française, notamment Tindouf, où l’administration marocaine s’était pourtant toujours exercée. La vallée du Drâa et Tindouf dépendaient en effet du khalifa du Tafilalet, dont les caïds étaient nommés par dahir du sultan, comme l’attestent les archives marocaines.
2- La seconde amputation territoriale du Maroc date de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle, quand les troupes françaises progressèrent vers le «Grand Sud», à savoir la Saoura, le Gourara, le Touat et le Tidikelt.
En 1884, dans le Touat, Bou Amama, un des chefs de la tribu des Ouled Sidi Cheikh, laquelle avait fait allégeance au sultan du Maroc, demanda la protection de ce dernier. Puis, en 1886, les tribus du Tidikelt se placèrent à leur tour sous protection marocaine.
«N’en déplaise à Alger, avant la période coloniale, le Maroc possédait bien le Touat, le Tidikelt, le Gourara, Tindouf, Béchar et le Tabelbala, qui étaient dirigés par des caïds nommés par le sultan du Maroc.»
Le 5 août 1890, aux termes d’une convention secrète, la France et la Grande-Bretagne se mirent d’accord pour délimiter leurs sphères d’influence en Afrique. La France, qui avait à l’époque un grand projet de voie de chemin de fer transsaharien, obtint de pouvoir s’établir dans le Touat, le Gourara, Igli et la vallée de la Saoura. Or, ces régions étant historiquement, religieusement et politiquement marocaines, elles furent donc, selon les termes de l’accord, arrachées au Maroc et rattachées à l’Algérie… française. Au mois d’octobre 1903, Béchar, en territoire marocain, fut occupé. Cette position stratégique permettait de contrôler le Haut Guir, les oasis du Touat et les pistes du Soudan.
3- La troisième amputation du Maroc se produisit le 27 juin 1900, quand une convention fut signée, délimitant les possessions françaises qui allaient constituer la Mauritanie et le futur Sahara espagnol.
4- La quatrième amputation se produisit quand, ayant décidé de lui accorder l’indépendance, la France fixa arbitrairement les frontières sahariennes au profit de l’Algérie, qui reçut ainsi en héritage la plus grande partie du Sahara sur lequel elle n’avait, par définition, jamais exercé la moindre souveraineté.
C’est en réalité pour avoir dit la vérité sur ces amputations territoriales subies par le Maroc au profit de l’Algérie que Boualem Sansal a été pris en otage et embastillé. C’est en effet pour avoir déclaré, le 2 octobre 2024, à un média français que «quand la France a colonisé l’Algérie, toute la partie ouest de l’Algérie faisait partie du Maroc», que l’écrivain a été incarcéré et qu’il risque de mourir en prison.
Cependant, n’en déplaise à Alger et à l’historien Benjamin Stora, avant la période coloniale, le Maroc possédait bien le Touat, le Tidikelt, le Gourara, Tindouf, Béchar et le Tabelbala, qui étaient dirigés par des caïds nommés par le sultan du Maroc.