Sahara oriental: ce que disent les accords franco-marocains de 1901 et 1902

Karim Serraj.

ChroniqueLongtemps reléguées aux marges de l’histoire officielle, des pièces diplomatiques françaises viennent éclairer d’un jour cru la spoliation du Sahara oriental marocain. Un protocole signé à Paris en 1901, puis un accord d’application conclu à Alger en 1902, révèlent comment, sous contrainte, le sultan Moulay Abdelaziz a été amené à entériner l’annexion par l’Algérie française des régions du Touat, du Gourara et du Tidikelt.

Le 21/12/2025 à 11h00

La preuve la plus éclatante que le Sahara oriental est marocain, nous la trouverons dans les archives diplomatiques françaises elles-mêmes. Elle apparait dans le protocole d’accord officiellement signé le 20 juillet 1901 à Paris entre la France et le Maroc, puis complété par l’accord d’Alger du 20 avril 1902. Le360 en révèle pour la première fois les clauses demeurées secrètes, dans les plis des archives, sur les régions désignées dans les textes sous l’appellation «Touat-Gourara-Tidikelt». Dans ces deux accords, le sultan marocain Moulay Abdelaziz consent à un arrangement frontalier avec la France concernant ces territoires spoliés.

Côté français, l’Algérie française est représentée par Théophile Delcassé, ministre des Affaires étrangères et artisan de la politique expansionniste coloniale. Côté marocain, le plénipotentiaire est Sidi Abdelkrim Ben Slimane, grand vizir et ministre des Affaires étrangères du sultan Moulay Abdelaziz. L’entrevue a lieu au Quai d’Orsay à Paris. Le choix de la capitale française comme lieu de signature illustre bien le rapport de force du moment: le Maroc, à Paris, se voit en réalité dicter un compromis par la puissance coloniale.

Les négociations, entamées quelques semaines auparavant, ont principalement porté sur la reconnaissance officielle par l’Empire chérifien des nouvelles annexions sahariennes françaises, à savoir Touat, Gourara et Tidikelt, et se sont assurées une collaboration du sultan Moulay Abdelaziz pour cesser toute hostilité dans le Sahara oriental. Delcassé et Ben Slimane aboutissent à un texte de 9 articles qui se présente comme un acte complémentaire du traité de Lalla-Maghnia signé en 1845.

Points saillants du protocole d’accord sur le Sahara oriental

Reconnaissance des annexions françaises dans le Sahara oriental: en contrepartie du maintien de Figuig au Maroc, le sultan reconnaît formellement l’incorporation au territoire algérien français des régions du Touat, du Gourara et du Tidikelt. Le protocole entérine ainsi l’annexion de fait réalisée en 1900-1901 par l’armée française. Le protocole écrit ainsi que «Le gouvernement marocain a de très bonne grâce reconnu notre domination sur le Touat, le Gourara, le Tidikelt, le cours de l’oued Saoura et de l’oued Zouzfana».

Le texte prétend que le sultan a accepté cela «de bonne grâce», alors qu’il y était en réalité contraint. Ainsi, la France coupe officiellement les liens entre le Tafilalet marocain et ses contrées sahariennes orientales, satisfaisant son objectif stratégique. Le sultan Moulay Abdelaziz abdique ses prétentions sur ces oasis qu’avaient connues ses ancêtres, évitant un conflit qu’il ne pouvait gagner.

Aide mutuelle et «droit de suite»: le protocole prévoit une forme de coopération sécuritaire franco-marocaine le long de la nouvelle frontière. Dès l’article 1er, la France promet que «l’autorité chérifienne sera consolidée entre la Méditerranée et Figuig avec le concours de la France», tandis que «le royaume [chérifien] aidera la France à asseoir la sienne au Sahara». Autrement dit, Paris s’engage à appuyer le sultan pour pacifier le Rif et l’Oranie orientale, tandis que le Maroc s’engage à faciliter l’ordre français dans les régions sahariennes annexées.

Cette clause formalise l’échange sous couvert de déclaration de guerre: la France se réserve le droit d’être le protecteur officieux du Maroc au nord-est, et le Maroc, lui, renonce à s’opposer au contrôle français du grand Sud. Le droit de poursuite des troupes et des tribus marocaines au-delà de la frontière est également maintenu. Le protocole précise en effet que, l’accord de 1845 n’étant pas modifié sur ce point, les forces françaises conserveront la faculté de poursuivre des dissidents marocains ou des tribus rebelles «jusqu’au Tafilalet» si nécessaire.

Commission de délimitation: consciente que le tracé complet de la nouvelle frontière annexée restait à affiner, la France impose la création d’une commission mixte franco-marocaine chargée de continuer le travail sur le terrain. Cette commission doit se pencher sur la répartition des tribus nomades et l’établissement de points de repère pour le reste du tracé frontalier du Sahara oriental marocain. Le protocole de 1901 nomme ainsi explicitement une commission conjointe pour mettre en œuvre la coopération le long de la nouvelle frontière de l’Algérie française. On prévoit d’envoyer sur place des commissaires de chaque pays. L’objectif affiché est de régler «dans un esprit de bonne entente», selon le protocole, tout litige futur, afin d’éviter les incidents frontaliers incessants du passé.

Dans cette zone administrée désormais par l’armée française, la France prend la responsabilité principale du maintien de l’ordre, considérant le Sahara oriental marocain comme sa zone d’action prioritaire (un chemin de fer vers Colomb-Béchar devant y être construit).

Delcassé ou la mise en mots d’une annexion assumée

À travers ses déclarations successives, compilées dans l’ouvrage «Documents diplomatiques, Affaires du Maroc 1901-1905, Imprimerie nationale, 1905», Théophile Delcassé, livre une justification méthodique, presque pédagogique, de la politique française au Sahara occidental algérien, tout en dévoilant la logique impériale qui sous-tend l’action diplomatique de la France au tournant du XXᵉ siècle.

Dans une première déclaration, le ton est donné: Delcassé rappelle sans détour que la France n’a «jamais accepté aucune discussion» avec le gouvernement chérifien «sur le Gourara, le Touat et le Tidikelt». Ces territoires sont d’emblée considérés comme relevant de la «sphère d’action» française, et l’occupation apparaît non comme une rupture, mais comme une option différée, assumée de longue date, que Paris se réserve d’exercer «à son heure»:

«Je n’ai pas à vous rappeler quelle attitude nous avons observée de tout temps vis-à-vis du Gouvernement Chérifien en ce qui touche les oasis sahariennes du Gourara, du Touat et du Tidikelt. Sans accepter jamais aucune discussion avec lui sur l’attribution de ces territoires, que nous étions fondés à considérer comme appartenant à notre sphère d’action, nous ne lui avions pas laissé ignorer que nous nous réservions de les occuper à notre heure.»

Dans une deuxième déclaration, Delcassé s’emploie à transformer une avancée militaire en démonstration de retenue morale. Il explique que l’installation française dans les oasis sahariennes répond avant tout à un impératif sécuritaire: la protection du sud algérien. Il insiste sur le fait que la France n’a pas cherché à dépasser les vallées occidentales ni à exercer un «droit de suite» au-delà de ses positions, présentant ainsi la répression des attaques berbères comme strictement défensive. Cette mise en scène de la «loyauté» et de la «modération» vise à accréditer l’idée d’une puissance maîtrisée, d’autant plus légitime que, selon Delcassé, le gouvernement chérifien lui-même aurait désavoué les attaques et renoncé à ses revendications antérieures sur les oasis:

«Quand donc, pressés par le devoir d’assurer la sécurité du sud algérien, nous nous sommes établis enfin dans nos oasis sahariennes (Touat, Gourara, Tidikelt, NDLR), sans vouloir regarder au-delà des vallées qui les couvrent à l’Ouest; quand surtout nous nous sommes bornés à châtier chez nous, sans recourir au droit de suite, les agressions dirigées par des Beraber contre nos postes de Sahela Metarfa et de Timmimoun, nous avons certainement donné le témoignage le plus significatif de notre loyauté et de notre modération en même temps que de notre puissance. Le Gouvernement Chérifien paraît s’en être rendu compte. Il a désavoué ces attaques, spontanément et avec force, par la bouche de ses Ambassadeurs. Il s’est en outre, abstenu de toute tentative pour soutenir de nouveau, à l’encontre de nos droits et de nos actes, les prétentions qu’il émettait précédemment avec persistance sur les oasis du Sahara.»

La troisième déclaration marque un glissement du militaire vers le diplomatique. Delcassé met en avant le rôle du gouverneur général de l’Algérie et des «avis les plus autorisés» recueillis localement pour définir des conditions de voisinage favorables à la pacification du Touat. Le protocole du 20 juillet apparaît alors comme l’aboutissement rationnel de cette réflexion, un instrument destiné à appliquer, dans ces confins sahariens, les principes du traité de 1845. En évoquant également la lettre adressée à Abdelkrim Ben Slimane sur le tracé du chemin de fer, Delcassé inscrit l’accord dans une logique d’aménagement et de pénétration économique, présentée comme compatible avec un «esprit amical» à l’égard du Maroc:

«Dans cet ordre d’idées, M. le Gouverneur général de l’Algérie, après avoir recueilli, en Algérie même, les avis les plus autorisés, a fourni à mon département un précieux ensemble d’indications sur les conditions de voisinage qui lui ont paru le plus propre à mettre le Touat à l’abri d’incursions nouvelles et à consolider à peu de frais la pacification des régions que va parcourir notre chemin de fer. Sur ces données a été établi le protocole que j’ai amené l’Ambassadeur du Sultan à signer avec moi, sous la date du 20 juillet. Il a pour caractère essentiel de régler l’application des principes inscrits dans le traité de 1845 à ces confins du Sud-Ouest algérien, dont il n’y avait pas encore eu lieu, à cette époque lointaine, d’envisager la condition. Dans le même esprit amical qui a inspiré les dispositions de cet acte, j’ai adressé à Abdelkrim Ben Slimane une lettre où je lui fais connaître la direction que doit suivre le chemin de fer dont nous avons entrepris la construction dans le Sud, sur les confins du territoire marocain.»

Enfin, dans une dernière déclaration que nous présentons, Delcassé dresse un bilan politique sans ambiguïté. Il se félicite d’avoir obtenu du Maroc la reconnaissance de la légitimité française dans les oasis et dans les oueds stratégiques de Zousfana et de Saoura, sans concéder, selon lui, le moindre principe fondamental. Il revendique le refus d’une frontière rigide, jugée incompatible avec la nature des lieux et des populations, tout en soulignant que la France a clarifié à son avantage le statut des Ouled-Djérir et des Doui-Menia. La formule finale, évoquant la constitution d’un «boulevard» pour l’Algérie vers l’Afrique, révèle crûment l’objectif stratégique: transformer ces territoires sahariens en zone-tampon protectrice, consolidant l’édifice colonial algérien au détriment des prétentions chérifiennes:

«Pour résumer le travail diplomatique ainsi accompli, nous avons fait reconnaître par le Maroc la légitimité de notre installation dans les Oasis ainsi que dans l’Oued Zousfana et l’Oued Saoura. Nous avons obtenu cet important résultat sans l’acheter par aucun abandon des principes qui nous ont toujours détournés de nous donner dans ces régions une frontière rigide incompatible avec la nature même des lieux et des populations. Nous avons réglé à notre avantage la situation, jusqu’alors indéterminée, des Ouled-Djérir et des Doui-Menia et constitué ainsi à l’Algérie le boulevard dont elle déclarait depuis longtemps avoir besoin vers l’Afrique.»

Comment la France a utilisé le protocole d’accord face aux puissances étrangères

Ce protocole du 20 juillet 1901 sur Touat, Gourara et Tidikelt, bien qu’imposé au Maroc, va être transformé par la France en traité politique. Il sera d’ailleurs publié dans le Livre Jaune (recueil officiel de documents diplomatiques français) du 14 décembre 1906, afin d’être présenté aux autres puissances européennes comme une preuve de la légitimité des positions françaises dans le Sahara oriental. Pour le Maroc, en revanche, c’est un traité inégal léonin, arraché dans un contexte de contrainte: le sultan affaibli n’a d’autre choix que d’entériner des pertes territoriales irréversibles. Abdelkrim Ben Slimane, le négociateur marocain, comprend certainement qu’il sauve au moins Figuig et évite une invasion française immédiate du Maroc, mais il signe un document par lequel l’Empire chérifien est contraint de renoncer à des zones qui lui ont toujours appartenu. Il est notable que dans le préambule du protocole, la France a soin de réaffirmer «son respect pour l’intégrité de l’Empire marocain», tout en actant simultanément le détachement de portions de celui-ci. Cette contradiction ne trompe personne.

L’accord d’Alger du 20 avril 1902: finalisation du tracé du Sahara oriental

Suite au protocole de Paris, la commission mixte prévue s’est mise au travail dans les mois suivants. Une délégation marocaine, conduite par le dignitaire Si Mohammed el Guebbas (qui avait fait partie de l’ambassade à Paris), est dépêchée en Algérie à l’automne 1901 pour travailler avec les autorités françaises à l’application concrète de l’accord. Sur le terrain, on évalue quelles tribus passeront sous autorité française ou marocaine, on envisage l’emplacement de futurs postes militaires de l’Algérie française dans la zone frontalière, et on règle divers litiges locaux.

Ce processus aboutit à un second accord, signé à Alger le 20 avril 1902, connu sous le nom d’«accord Cauchemez-Guebbas » (d’après les négociateurs français et marocain). En effet, le colonel Cauchemez représentait la France face à Si Mohammed el Guebbas pour finaliser les arrangements. Cet accord de 1902 est qualifié d’«acte d’application» du protocole de 1901. Il reprend en détail les dispositions antérieures. Il établit un parallélisme d’actions: «Le Gouvernement français établira son autorité et la paix dans les régions du Sahara» tandis que «le Gouvernement marocain consolidera la sienne du côté du Maroc septentrional».

L’article IX de l’accord de 1902 spécifie la mise en place d’un administrateur marocain à Figuig, devenu une limite territoriale, chargé d’aider les autorités françaises à maintenir l’ordre à Béchar et dans les oasis du Touat, du Gourara et de Tidikelt.

Sur le tracé frontalier, l’accord de 1902 ne trace pas une ligne complète jusqu’au Sahara atlantique (tache aveugle laissée volontairement). Il fige cependant les choses entre Figuig et Igli. Plus à l’Est, il entérine le statu quo de la présence française. Ce n’est qu’en 1912 qu’un officier, Maurice Varnier, proposera une ligne de démarcation plus au sud (dite ligne Varnier), prolongée en 1938 par la ligne Trinquet– tracés officieux utilisés comme références.

L’accord du 20 avril 1902 complète donc le dispositif du protocole de 1901. Le sultan Moulay Abdelaziz le ratifie. Aux yeux des Français, ces deux textes (1901 et 1902) forment un ensemble cohérent qui règle définitivement la question des confins algéro-marocains du moment. Le colonel Cauchemez pourra écrire peu après avec satisfaction: «Ainsi disparaîtront ces continuelles difficultés de frontière, minimes, mais irritantes par leur constante répétition (...) désormais les relations de bon voisinage et de commerce iront s’améliorant entre nos Algériens et les sujets du sultan».

Conséquences internationales

L’imposition de ces accords en 1901-1902– dont les effets se font pleinement sentir en 1905, d’où la date souvent retenue– a eu des conséquences profondes. Par un accord secret du 5 août 1890, la Grande-Bretagne avait reconnu à la France la liberté d’occuper le Touat, le Gourara, le Tidikelt, Igli et la vallée de la Saoura, dans le cadre du partage des zones d’influence en Afrique. Ce feu vert britannique encouragea Paris à intégrer ces régions sahariennes à son empire algérien naissant. Entre fin 1899 et 1901, l’armée française occupe successivement le Tidikelt (In-Salah), le Gourara (capitale: Timimoun) puis le Touat (région d’Adrar).

En isolant le Maroc et en le forçant à cette amputation territoriale, la France montre sa détermination à exercer un contrôle sur l’Empire chérifien. Cette avancée française encourage l’Espagne et la Grande-Bretagne à s’entendre avec Paris (ce qu’elles font via les accords de 1904) et suscite l’inquiétude de l’Allemagne. La crise de Tanger de mars 1905 éclate d’ailleurs dans ce contexte: l’empereur Guillaume II, en visite à Tanger, déclare soutenir l’indépendance marocaine, cherchant à contrer l’influence française grandissante. Le fait accompli du Touat n’était pas directement discuté lors de la conférence internationale d’Algésiras (janvier-avril 1906), mais il faisait partie du tableau: les diplomates savaient que le Maroc avait déjà dû céder du terrain à la France sans réaction européenne. Le Maroc apparaissait déjà comme une proie partagée en coulisses.

Les tribus passées sous l’autorité française ne peuvent plus librement payer l’impôt au sultan ni prier en son nom, sous peine de représailles côté français, tandis que celles restées fidèles au Maroc sont expulsées du Sahara oriental. En réaction, les chorfa du Tafilalet tentèrent en 1906 de décréter un boycott commercial: ils interdirent aux marchands du Tafilalet de commercer avec les postes français de Colomb-Béchar et des oasis sahariennes spoliées, et menacèrent de confiscation les biens des tribus «soumises à la France». La France y répondit par un ultimatum du 4 août 1906, exigeant le rétablissement complet de la libre circulation entre le Tafilalet et l’Algérie française. Le sultan dut une fois de plus céder. Il apparaît dès lors clairement que la France a atteint son objectif stratégique: couper toute liaison entre le Maroc et l’Afrique occidentale, en privant le Maroc de son débouché saharien traditionnel, la France isole économiquement et politiquement le sud marocain, préparant le terrain à son influence exclusive.

Ce n’est qu’à l’indépendance du Maroc en 1956 que la question ressurgira ouvertement. Les nationalistes marocains, notamment Allal El Fassi, revendiquent alors le retour au Maroc de tous les territoires historiquement marocains «égarés» par le colonialisme, y compris le Touat, le Gourara, le Tidikelt, Tindouf et le Sahara occidental. Dès juillet 1956, le journal de l’Istiqlal publie la carte d’un Grand Maroc englobant ces régions à l’est et au sud. Le roi Mohammed V lui-même évoque en 1958 l’arbitraire des frontières tracées par la France et la nécessité d’y remédier. Le contentieux frontalier entre le Maroc et l’Algérie indépendante (1962) trouve l’une de ses racines dans le protocole de 1901: le Maroc considère qu’il a été spolié, l’Algérie se réfère au fait accompli colonial. En 1963, la guerre des Sables opposera brièvement les deux pays autour de Béchar et Tindouf.

Cependant, dans la mémoire marocaine, ces oasis du Sahara oriental demeurent associées à l’histoire nationale. Touat, Gourara, Tidikelt, In-Salah relevaient depuis plusieurs siècles de l’Empire chérifien, et l’autorité des différents sultans y était établie avant la conquête française.

Arraché dans un contexte de rapport de force totalement défavorable au Maroc, cet accord de 1901 a coupé les liens historiques entre le Tafilalet marocain et son Sahara oriental. Les noms des signataires, Delcassé et Ben Slimane, gravés sur le parchemin du protocole, incarnent l’un la volonté impériale de la Troisième République, l’autre l’impuissance résignée du Maroc pré-colonial. Ce tournant de 1901-1902 a non seulement redessiné la carte au profit de l’Algérie française, mais il a aussi marqué le début de la fin pour l’indépendance marocaine, prélude à l’établissement du protectorat dix ans plus tard.

Par Karim Serraj
Le 21/12/2025 à 11h00