L’Algérie soutient qu’il existerait un «peuple saharaoui» formant une population particulière, différente par son histoire, sa langue, sa culture et son mode vie de celle du Maroc, et que ce pseudo «peuple sahraoui» mènerait un combat de «décolonisation» contre l’«occupation coloniale marocaine». Qui sont donc les «Sahraouis»? Forment-ils un peuple distinct du peuple marocain? Ont-ils, à un moment ou à un autre de l’histoire, constitué un «État»?
Au sens purement géographique, les «Sahraouis» sont tous les habitants, nomades, semi-nomades, sédentaires, citadins ou ruraux vivant dans le désert du Sahara, immensité s’étendant de l’Atlantique jusqu’à la mer Rouge. Tous les Sahariens sont donc des «Sahraouis». Sont ainsi «sahraouis» les Maures de Mauritanie, les Touaregs d’Algérie, du Mali, du Niger et de Libye, les Toubou et les Zaghawa du Tchad, ou encore les Bedja du Soudan. Au Maroc, un habitant d’Ouarzazate, de Rissani ou de Zagora est «sahraoui», comme l’est également un Algérien de Biskra, un Libyen de Mourzouk ou encore un Malien de Tessalit.
Partagé entre le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, le Tchad, le Niger, le Mali et la Mauritanie, l’immense désert du Sahara est donc peuplé par des populations sahraouies parfaitement identifiées, irréductibles les unes aux autres, et divisées en tribus elles-mêmes subdivisées en clans, et qui relèvent de nationalités différentes. Quant à celles des populations sahraouies vivant dans le «Sahara occidental», à savoir dans les régions marocaines de la Saquia El Hamra et de l’Oued ed Dahab, il serait ethnographiquement illicite de les envisager comme formant un peuple «sahraoui» autonome. Elles se répartissent en effet en trois grandes populations-confédérations subdivisées en de nombreuses tribus, celle des Arabes beni Maqil, celle des Rguibat et celle des Tekna.
Or, ces trois grands ensembles sont tous originaires du Maroc septentrional et ont des liens, ou même, sont directement apparentés à ses populations.
La plupart des tribus du Sahara occidental marocain ont en effet des attaches avec le reste du Maroc d’où sont originaires leurs ancêtres ou leurs fondateurs. Elles étaient tournées vers le Nord du Maroc, leurs immenses zones de transhumance s’étendant jusqu’à la basse Moulouya et à l’Anti-Atlas. Les tribus appartenant à ces trois grands groupes avaient des rapports d’allégeance avec les souverains du Maroc.
À noter également que toutes les composantes des tribus du Sahara occidental marocain n’y vivent pas exclusivement. Certains Ouled Delim sont ainsi présents dans les régions de Marrakech, d’El Jadida, de Sidi Kacem et de Rabat où leurs ancêtres ont reçu des terres de la part des sultans en échange de leur soutien militaire. Quant aux tribus chorfas idrissides, elles sont liées aux Idrissides que l’on retrouve à Fès, à Rabat, à Meknès, ainsi que dans la région de Rissani. Des Rguibat sont aussi présents dans les régions de Marrakech, de Chichaoua, d’Essaouira.
Ethnographiquement, il n’existe donc pas un «peuple sahraoui» au sens donné par l’Algérie et le Polisario. Quant à l’existence d’un «État sahraoui», l’histoire n’en a pas davantage connaissance que celle d’un «État» algérien avant le mois de juillet 1962…